Rap, Désorganisation sociale et Transpénétration culturelle.
Titre : Rap, Désorganisation sociale et Transpénétration culturelle.
Auteurs : SEIDE Jean Gardy
ALEXIS Hébreux
Table des Matières
Titre page
AVANT-PROPOS IV
REMERCIEMENTS V
INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE I : I – Le Hip Hop haïtien entre désintérêts et recherches scientifiques 7 CHAPITRE II :
2.1 – Du cadre normatif et orientationel de l’action. 13
2.2 – La Socialisation 13
2.3- Les agents de socialisation 15
2.4 – L’école 15
2.5 – La Famille 16
2.6 – Les medias de masse 17
2.7 – La langue 18
2.8 – Le bovarysme collectif 19
2.8.1 – Histoire du mot 19
2.8.2 – Du mot au concept 19
2.8.3 – Bovarysme : Essai de définitions 20
2.8.4 – Une typologie du bovarysme selon Georges Palante 21
2.8.5 – Le Bovarysme collectif 22
CHAITRE III : HISTOIRE DU HIP HOP EN HAITI 23
3.1 – Généralité sur le Hip Hop 24
3.1.1 – Le Hip Hop haïtien 27
3.1.2 – Le Rap 27
3.1.3 – Le Graffity 36
3.1.4 – Le Djing 37
3.1.4.1 – Le Beat box 37
3.1.5 – Tableau chronologique du Rap haïtien 38
CHAPITRE IV : Les causes de l’implantation du Rap en Haïti 40
- I) De la désorganisation des institutions haïtiennes à vocation socialisatrice 41
4.1 – De l’école à l’école haïtienne 41
4.1.1 – Intégration, essai de définition 42
4.1.2 – L’école haïtienne: Une institution non-intégrée 42
4.1.3 – Une école non intégrée dans la production des intellectuels non-organiques 44
4.2 – désorganisation au niveau de la famille en Haïti 50
4.2.1 – Société, environnement et politique 51
4.2.2 – Migration interne ou exode rural comme facteur de déstabilisation de la famille haïtienne 53
4.2.3 – Vers un bilan du phénomène diasporique 54
4.3-désorganisation au niveau de la langue en Haïti 55
- II) Le contexte de la mondialisation via les mass médias 60
4.4 – La mondialisation, ses enjeux et ses impacts sur les cultures 60
4.5 – Implication des médias de masses dans l’implantation du Rap en Haïti 65
V – En guise de Conclusion 69
Annexe I – photographie 70
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Glossaire 73
Bibliographie 75
AVANT-PROPOS
Ce sujet de recherche est construit dans le but de pouvoir présenter à la communauté scientifique une approche sociologique et anthropologique, consistant à retracer l’histoire du Rap et son implication dans l’implantation d’une série de valeurs en Haïti. Ce sujet se situe au centre du débat sur l’impact de la mondialisation sur les cultures locales. Loin d’adopter une attitude ethnocentrique, ce travail se veut une approche objective sur le Rap comme élément culturel émanant d’un foyer culturel autre qu’Haïti. Le lecteur désireux d’avoir en main une réflexion sur le Rap en tant que mouvement social dans son ensemble sera un peu déçu, car ce travail est plutôt consacré à produire une réflexion sur les institutions, ou du moins sur certaines institutions que nous avons jugé pertinentes et même impliquées dans l’implantation du Rap comme porteur de nouvelles valeurs dans la société haïtienne ; tout ceci, au regard de la mondialisation des cultures. Le choix de ce sujet consiste, à développer une observation portée sur le renversement des stéréotypes ou des tabous dans la société haïtienne. Il conviendrait de partir d’un cadre empirique consistant à élaborer une approche centrée sur la transmission des valeurs de la culture Hip Hop.
REMERCIEMENTS
Pour réaliser ce travail, il nous a fallu l’apport de plusieurs personnes qui ont contribué tout au long de la cueillette et de la rédaction du présent travail afin de le rendre potable. Nos remerciements vont en tout premier à nos parents et amis, au Dr Jean Yves BLOT pour ses suggestions et son œil critique, à James Berlus, Léonel Laguerre et Eliacim Aboulassem pour les entrevues qu’ils nous ont accordées à plusieurs reprises, et qui ont su critiquer objectivement le travail, à Péristyle pour son esprit d’équipe, enfin, au professeur Sandy LAROSE et aux distingués professeurs et professeures qui nous ont inculqué le goût de la lecture et de la recherche.
INTRODUCTION GENERALE
L’état actuel du monde requiert une nouvelle approche de la notion de culture, perçu comme étant ‘’l’ensemble des modes de vie d’un peuple…’’ (Kroeber et Kluckhohn, 1952) Cette définition demeure certes classique, mais les nouvelles configurations du monde avec la montée de la mondialisation comme modèle culturel unique, tend à provoquer d’autres approches tant théoriques que pratiques si l’on veut certainement comprendre les contacts culturels pour une prospection permettant non seulement une cohabitation harmonieuse des cultures, mais aussi la création de nouveaux traits culturels originaux d’où, le concept de réinterprétation combien cher aux Anthropologues.
Les Anthropologues s’intéressent fortement aux contacts culturels et le concept de base de l’Anthropologie des contacts culturels est l’acculturation, définie au sens large comme l’étude de l’interpénétration des civilisations, selon la formule de R. Bastide.[1] Le concept d’Acculturation s’est développé aux États-Unis d’Amérique dans la première moitié du XXème siècle, en réaction au courant Diffusionniste, et dans le contexte de l’expansion de la culture occidentale, qui a conduit un certain nombre d’Anthropologues à analyser les contacts plus ou moins forcés entre les peuples. Les Diffusionnistes ont été les premiers à s’intéresser aux emprunts culturels, cependant les théoriciens de l’acculturation leur ont reproché d’étudier les phénomènes d’interpénétration une fois accomplis et non entrain de se faire. En résumé, la diffusion est l’étude de la transmission culturelle accomplie, tandis que l’acculturation est l’étude de la transmission culturelle en cours. (Herskovits, 1967 : 218 ).[2]
C’est en fait ce que l’on reproche le plus aux diffusionnistes, ils dépouillent les traits culturels étudiés de leur contexte et de leur éventuelle signification d’une culture à une autre. Voilà pourquoi les théoriciens de l’acculturation méritent ici notre attention. Pour eux, lorsqu’il y a contact culturel, l’absorption peut ne pas être complète. Ils évoquent, pour étayer leur point de vue, le principe de sélection[3]. D’un contact culturel, il peut résulter soit une sélection additive[4], dans ce cas, l’élément emprunté est accepté mais non réinterprété, soit une sélection substitutive[5] où l’élément emprunté peut faire l’objet d’une réinterprétation qui n’est ni la reproduction à l’identique d’un modèle culturel proposé, ni celle des valeurs traditionnelles.
Comme le montre la théorie du Diffusionnisme, les sociétés entretiennent des rapports entre elles. Les plus modernes, nous voulons parler des pays industrialisés, sont dotés de moyens (économiques, technologiques et politiques) leur permettant de vendre leurs cultures, car ces dernières deviennent automatiquement des marchandises dans la visée de la mondialisation des cultures. Et là, on peut comprendre l’importance des médias de masses dans la vulgarisation d’éléments culturels à partir de foyers culturels spécifiques vers d’autres cultures.
Un fait est certain qu’un fait culturel peut se trouver dans plusieurs cultures pourvu que ces dernières entretiennent des rapports. L’emprunt est ce phénomène qui permet de comprendre comment un trait culturel peut se trouver dans plus d’une culture à la fois. Ceci étant dit, le Rap haïtien est certes le produit d’une acculturation émanant d’une diffusion culturelle, mais l’important pour nous dans ce travail est de scruter les causes de son implantation, ou du moins de son émergence en Haïti ; le placer dans un contexte tel qu’on peut analyser le poids des agents de socialisation dans son implantation en Haïti ainsi que le poids du contexte de la mondialisation des cultures dans la vulgarisation du Rap de son foyer culturel à Haïti.
Dans toute société, les institutions à vocation socialisatrice jouent à la fois un rôle d’intégration et de barrière à toutes formes de valeurs étrangères à la culture de ladite société. Dans leur rôle intégrateur, ces institutions prennent en charge les individus en les donnant des repères adéquats en vue de la pérennisation des valeurs culturelles. Quand ces institutions sont faibles ou affaiblis par des facteurs internes ou externes, les barrières sont tombées et les individus sont délaissés ; et la voie est ouverte au passage de nouvelles valeurs étrangères. C’est dans ce sens que Gramsci a parlé d’intellectuels organiques qui, conscient de leurs réalités socioéconomiques et culturelles, peuvent renforcer les institutions à vocation socialisatrices. Jean Price Mars pour sa part a développé le concept de bovarysme collectif[6] pour montrer à quoi on pouvait s’attendre en cas de l’affaiblissement des agents de socialisation. Pour lui, le bovarysme collectif est la conséquence même de l’affaiblissement des institutions haïtiennes à vocation socialisatrice qui, ne répondant plus à leur rôle sous l’effet de facteurs à la fois internes et externes, laissent les individus sans repères idéologiques.
Il y a une inadéquation certaine entre l’éducation comme système de socialisation et de l’instruction et la société en Haïti. ‘’ En Haïti l’instruction et l’éducation constituent de deux pôles qui se nient mutuellement.’’[7] Cette éducation ou socialisation évolue dans un contexte d’interpénétration culturelle ou de mondialisation qui modifie systématiquement le foyer culturel haïtien qui, au préalable, vivait dans un antagonisme lié à la formation sociale, historique, économique du pays. Ajouté à cela, l’impact du bovarysme collectif qui, par ces multiples effets, selon Jean Casimir :
‘’Complique les mécanismes de défense des institutions de base…. Crée des barrières insurmontables à l’intégration de la famille et oblige des formes complexes de socialisation que la sociologie et anthropologie nationales devront découvrir’’[8]. Cette forme de socialisation nous permet d’observer la sélection additive ou substitutive de certains modèles ou encore donne naissance à certaine forme d’hybridé culturelle. Dans ce contexte complexe, l’instruction est une marque de distinction sociale ou d’exclusion. En outre, ‘’ Les écoles et les moyens de communication de masse conspirent contre les productions culturelles nationales’’[9]. La dynamisation des valeurs locales ne passent pas par une imitation effrénée de la culture occidentale ni par sa négation. Les medias de masse, l’école et la famille doivent contribuer à la cohésion sociale et les modèles qu’elles vendent en tant qu’institution doivent contribuer à l’intégration de l’individu haïtien organique[10] pouvant faciliter de meilleur rapport ou appréciation dans sa marche vers mondialisation.
Dans cet ordre d’idée, la langue comme outil de communication mérite une attention soutenue dans la mesure où c’est elle qui véhicule la transmission des valeurs et favorise dans une certaine mesure la cohésion au sein d’un groupe et même au niveau d’une société. Et en Haïti, la société est fortement marquée par l’oraliture, ce qui fait que dans une analyse sur la transmission des valeurs, elle s’avère indispensable car sa négation peut obstruer la compréhension de ces phénomènes.
Partant de notre objectif qui a été celui de montrer que le Rap a été introduit dans notre société à cause non seulement de la politique sociale, économique et culturelle des Etats-Unis, mais aussi de la faiblesse de nos institutions à vocation socialisatrice de répondre à la nouvelle tendance de la Globalisation culturelle, nous allons d’abord, comme le requiert la démarche scientifique, procéder à inscrire notre sujet dans une approche théorique. D’abord la théorie du diffusionnisme va nous permettre de montrer les éventuels rapports entre les deux cultures et les possibilités qu’un trait culturel puisse voyager d’une culture à une autre, et ensuite, une approche Culturaliste nous permettra de préciser l’autonomie de chacune des cultures mise en présence et aussi de montrer l’importance de l’éducation dans la transmission des valeurs de génération en génération, ce qui est primordial pour l’équilibre d’une culture.
Notre méthodologie, qualitative bien sûr, nous a permis de recueillir des informations utiles et fiables de nos enquêtés, et aussi, grâce à l’ouverture de l’approche anthropologique, faisant appel à l’interdisciplinarité dans ses démarches[11], nous allons pouvoir étendre notre analyse en faisant appel à des concepts tirés d’autres champs disciplinaires tel que la sociologie par exemple.
Au troisième chapitre de notre travail, nous aurons à présenter le contexte d’émergence du Hip Hop aux Etats-Unis et ses éléments constitutifs, cependant nous allons limiter notre exposé à présenter une étude exhaustive du hip hop parce que l’objet de notre étude est de montrer les causes de son implantation en Haïti. Parallèlement, dans ce meme chapitre, nous allons présenter une esquisse de l’histoire du Rap en Haïti fortement calqué sur le modèle Etatsunien en présentant tous les éléments caractéristiques du Hip Hop américain.
Au chapitre quatre nous allons analyser dans un premier temps la désorganisation de chaque institution haïtienne, responsable de la socialisation des individus et dans un second temps, la question du rapport culturel dans le contexte de la mondialisation, pour montrer le rôle des mass médias dans l’implantation de certaines valeurs en Haïti. Tout ceci nous aura permis de faire lumière sur l’émergence du Rap en Haïti et de pointer du doigt les éléments qui alimentent cette émergence.
Le contexte actuel du rapport entre les cultures prouve bien que les sociétés sont en perpétuelle interaction et subissent au fur et à mesure de leur rencontre éventuelle, des changements soit superficiels soit en profondeur. Cette étude n’est qu’une ébauche et nous n’avons pas la prétention d’épuiser en profondeur l’immensité du sujet, cependant, nous pensons que c’est un bon début pour le creuser davantage.
CHAPITRE I
I – Le Hip Hop haïtien entre désintérêts et recherches scientifiques
La communauté universitaire en général n’est pas sensibilisée par l’acception de certaines problématiques. Certains sujets ne sont pas traités ou sont très peu abordés dans les mémoires des universitaires en Haïti, comme c’est le cas du Rap. Il est beaucoup plus facile à l’Université de trouver des mémoires et des directeurs de mémoire sur des sujets plus courants tels que : La délinquance juvénile, le vodou, la prostitution, la drogue et autres. L’ensemble de ces sujets constituent autant un intérêt académique particulier, qu’un atout professionnel. On ne va pas essayer ici de donner des raisons expliquant pourquoi dans la majorité des cas les sujets de mémoires sont ainsi orientés, mais le marché du travail et les différentes institutions avec leur sollicitation bien spécifique semblent être des éléments à prendre au sérieux si l’on veut cerner ce phénomène.
«Rap, Désorganisation sociale et transpénétration culturelle.» est un sujet qui traduit Les causes de l’implantation du rap en Haïti, la portée d’une réflexion centrée sur la transmission des valeurs et des textes émanant d’une génération à une autre. C’est ce désintérêt qui constitue notre intérêt pour le rap où il n’y a que très peu d’écrit scientifique. Citons, parmi les travaux réalisés sur ce sujet, le travail de licence de l’étudiant en Psychologie, Sandy LAROSE, qu’il a présenté en 2010 sous la direction du Dr. Serge Gérard Hyacinthe, avec pour thème : ’’Représentation de la Femme projetée par les rappeurs’’ « Cas du groupe Barikad Crew de Bas Peu de Chose ». Dans ce travail de recherche combien appréciable, Sandy Larose a non seulement présenté une ébauche de l’histoire du Rap en Haïti mais aussi a esquissé l’émergence de la culture Hip Hop à la fois aux Etats-Unis et en France. Confirmant les racines afro-américaines du Rap, il a voulu présenter à la communauté scientifique les contenus idéologiques et les représentations d’un groupe de rappeurs de cette tendance musicale par rapport à la femme en Haïti. Selon lui, et c’est son hypothèse de travail, ‘’la représentation que les rappeurs font de la femme dans les textes de musique, renvoie à une image négative de femme comme objet sexuel et de plaisir.’’[12] Dans la graphique de vérification de son hypothèse (p 75), résumant les différents tableaux de grille d’analyse, l’image négative soit 74% est nettement supérieure par rapport à l’image positive soit 26%. Sur six textes sur dix qu’il a analysé, les images négatives pullulent dans les discours des rappeurs du groupe Barikad Crew de Bas peu-de-chose.
Rappelons toutefois que malgré ce désintérêt pour cet objet de recherche, le Rap hante la société haïtienne depuis 1982, avec la musique vacance de Master Dji[13]. Notre étude est animée par le souci du travail fait à partir d’une expérimentation, de comprendre le phénomène, par des recherches, en permettant à la communauté scientifique d’avoir un regard sur ce phénomène encore négligé tenant compte de ces impacts sur la société haïtienne. L’intérêt principal de cette recherche est de compléter les recherches déjà effectuées et d’apporter de nouveaux points de vue sur ce sujet.
L’année 1982 marque l’apparition timide du Rap en Haiti avec la musique VAKANS de Master Dji, qui est considéré comme le pionnier de la tendance musicale Rap en Haiti. Cependant, c’est la musique SISPANN, encore de Master Dji, qui allait connaitre un succès et allait décidément attester sa présence en Haiti. Depuis, cette tendance n’a cessé de se créer, au fur et à mesure, une place dans le paysage culturel de la société haitienne, tout en contribuant à la construction de nouvelles valeurs et de nouveaux modèles sociaux. Aussi, a-t-elle contribué, à un certain niveau, à la création de nouveaux mots et expressions dans l’évolution de la langue créole haitienne tels : Match la wild, sa kap fèt ?, bagay dwòl, zizirit,TCM (tou koko manmanw), tay kreyon, eyap,still bèlèlè, 1-2 pap padap, zo bagay, dada tèt bèf, tapajè (tèt ansanm pou avansman jèn). Et aussi des styles et idéologies tels : Goumen pou sa-w kwè, saw paka konprann, zokòt filozofi, granmoun yo echwe, etc.
Cette tendance, malgré les nombreuses tentatives de rejet à son égard, continue d’influencer grandement certains éléments de la culture haitienne. Aujourd’hui en Haiti, le Rap constituerait, pour les jeunes en particulier, la tendance musicale la plus sollicitée. Rappelons toutefois que cette tendance musicale n’est pas née en Haiti. Elle serait le fruit d’une acculturation suite à sa diffusion vers Haiti.[14]
En effet, à l’ère du village planétaire où nous sommes, l’interpénétration des cultures semble inévitable. Qu’il s’agisse de contacts physiques ou virtuels via les masses médias, les cultures sont en perpétuelle interaction. Voilà pourquoi le concept d’acculturation prend une importance capitale dans la compréhension des contacts culturels de nos jours.
Cependant, toutes les cultures ne se laissent pas pénétrer de la même façon. D’un contact culturel, les cultures en question opèrent un choix compatible avec la base de leur organisation sociale, c’est-à-dire l’intérèt dominant du peuple ou le domaine d’activité ou de croyance dont le peuple a le plus conscience.[15]
D’un autre coté, les agents de socialisation qui sont responsables de l’intégration de l’individu dans sa société, sont aussi à considérer dans l’analyse de l’interpénétration des cultures ; dans la mesure où, lorsqu’il y a contact culturel, c’est la société la plus désorganisée qui est beaucoup enclin à se laisser pénétrer par les éléments culturels de l’autre. Dans le cas d’Haïti, rappelons que dès les années 1960-1980, certaines institutions, notamment la famille, se sont grandement affectées par une vague de migration dûe aux contingences à la fois économiques et politiques.[16] Ajouté à cela, les masses médias qui, par leur vocation socialisatrice n’ont pas su répondre comme il fallait à l’invasion des traits culturels étrangés, ont aussi contribué à affaiblir certaines institutions. Suite à ces phénomènes, les institutions haitiennes à vocation socialisatrice ont commencé par afficher un comportenment bovariste, ce qui a permis à deux nombreux traits culturels étrangés de pénétrer la culture haïtienne avec facilité.
Tenant compte de tous ces facteurs, le rap en tant que phénomène social mérite bien une attention plus soutenue. Comprendre le phénomène de l’intérieur n’est pas ce qui constitue notre préoccupation, mais plutôt, c’est ce qui a permis à ces traits de migrer jusqu’à Haïti, d’émerger et de s’implanter dans la culture haitienne qui nous préoccupe. L’idée centrale qui traverse le courant du Diffusionnisme laisse à croire que l’homme n’est pas inventif et que les traits culturels voyagent d’une culture à une autre. C’est ce qui explique la présence d’un même trait culturel dans plus d’une culture, comme par exemple la culture Hip Hop en France, aux Etats-Unis d’Amérique et en Haiti. Maintenant, qu’est-ce qui expliquerait la présence du Rap en Haiti ? quelles sont les causes de son émergence et de son implantation en Haïti ?
Tout travail scientifique requiert une grille d’analyse et une méthodologie sans lesquelles toute approche serait incompréhensible. Visant l’objectif de montrer les causes de l’implantation du Rap en Haïti, nous allons d’abord le considérer comme un élément culturel exogène, venu d’un foyer culturel avec lequel la société haïtienne serait en contact et que, par emprunt, ce trait culturel (le Rap) serait sélectionné parmi d’autres traits. Pour comprendre ce phénomène, le courant anthropologique du Diffusionnisme et les débats actuels sur la mondialisation nous serviront de prisme pour l’analyser. Le Diffusionnisme, comme courant qui a succédé l’Evolutionnisme, montre que les cultures sont en contact et qu’a partir de ces contacts, des traits culturels peuvent être empruntés voire mêmes réinterprétés; ce qui modifie les cultures en contact.
Le diffusionnisme, les théories de la mondialisation sont, en anthropologie, une appréhension des cultures humaines par leur distribution dans l’espace, leur historicité et les dynamiques géographiques associées. Le diffusionnisme va s’institutionnaliser en tant que courant de pensée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle notamment en Allemagne, en Angleterre et aux États-Unis. Première critique de l’évolutionnisme, le diffusionnisme est considéré comme la deuxième grande théorie anthropologique. Selon les tenants de ce courant, la culture se développe et se transforme donc par le biais d’emprunts culturels auprès des groupes humains avoisinants, de migrations de population, de processus d’imitation ou d’acculturation.[17]
Avant de poursuivre, il serait important et même impératif pour nous de présenter ce courant, de poser ses limites et de montrer son importance dans le cadre de notre travail. Prenant le contre pied du courant évolutionnisme qui interprète les traits communs entre les sociétés comme ayant atteintes d’un même stade d’évolution, les tenants du courant du diffusionnisme contrairement, interprétaient ces traits comme étant le résultat de processus de diffusion à partir d’un nombre restreint de ‘’foyers culturels’’. Il faut toutefois éviter de donner la paternité aux anthropologues, car des historiens et archéologues, et même des linguistes, spécialistes en grammaire comparée, ont reconnu l’existence des faits de diffusion. Certains penseurs évolutionnistes comme E.B. Tylor et L.H. Morgan ont eux aussi formulé des hypothèses diffusionnistes.[18] Selon ces hypothèses, les traits culturels sont nés d’un foyer culturel et se propagent d’une culture à une autre par contacts culturels entre les cultures.
D’aucuns ne contestent que la notion de culture a pris une importance toute particulière en Anthropologie grâce au courant du diffusionnisme. Ceci est justifié rien qu’en faisant référence aux concepts de «aires culturels » ou de « complexes culturels » utilisés par les tenants de ce courant. Il est vrai que sur le fond, le diffusionnisme et l’évolutionnisme gardent les mêmes thèses cependant les diffusionnistes croient que les sociétés se développent beaucoup plus par l’emprunt et l’imitation à la suite de contacts culturels entre les peuples.[19] Selon les diffusionnistes, l’humanité ne se développe pas en cellules fermées.[20] Les sociétés sont en contact et les éléments de culture se répandent par migration ou guerres.[21] Donc, les diffusionnistes s’intéressent plutôt au mode de diffusion d’une culture à une autre.
Frantz Boas, anthropologue américain (1858-1942) fut le premier à critiquer les thèses évolutionnistes et à ouvert la voie au diffusionnisme qui allait finalement prendre naissance en Allemagne avec le géographe Ratzel (1844-1904) ; un peu plus tard, F. Graebner (1877-1934) et L. Frobenius (1873-1938) développèrent le concept de Kulturkreis ou ‘’cercle culturel’’ se définissant comme un ensemble géographique présentant une similitude de traits culturels, institutions, croyances et techniques, diffusés à partir d’un foyer.[22]
Cette présentation n’est pas exhaustive, car certains travaux des américains suivant la même méthode ne sont pas évoqués ici ; cependant, nous avons pu montrer, grâce au courant du diffusionnisme, le rapport culturel qui puisse exister entre les sociétés et aussi comment expliquer la distribution géographique des traits culturels. Et enfin, plaçant le diffusionnisme dans le contexte de la mondialisation des cultures, nous voulons apporter, dans ce travail, un éclairage au phénomène qui nous concerne à savoir le Rap haïtien.
CHAPITRE II
2.1 – Du cadre normatif et orientationel de l’action.
Tout travail scientifique requiert un ensemble de concepts pour son expérimentation. Ainsi, les lignes qui suivent vont être consacrées à présenter les concepts que nous allons manipuler.
Les concepts d’aires culturels, de foyers culturels et de contacts culturels, de socialisation, d’agents de socialisation etc., constituent les piliers sur lesquels repose notre analyse. Le Hip Hop en tant que trait culturels a pris naissance, selon plusieurs recherches jusqu’à présent non contestées, aux Etats-Unis d’Amérique du nord considéré comme le foyer culturel de cet élément ; et à partir de ce foyer et suite aux contacts entre les deux sociétés, haïtienne et étatsunienne, au moyen des migrations et aussi par le biais de la mondialisation via les médias de masses, le Hip Hop a pu migrer jusqu’à Haïti.
2.2 –La Socialisation
L’existence du concept de socialisation prend naissance dans les traductions des œuvres classiques des sociologues. Il semble que ce terme est né dans la traduction des œuvres de Georg Simmel par Anthony Guidens[23]. Guy Rocher la définit ‘’comme étant le processus par lequel la personne humaine apprend et intériorise tout au cours de sa vie les éléments socioculturels de son milieu, les intègre à la structure de sa personnalité sous l’influence d’expériences et d’agents sociaux significatifs et par là s’adapte à l’environnement social où elle doit vivre.‘’ [24]
Mais, c’est également le processus qui ‘’permet à l’individu d’accéder au mécanisme social commun à tous les individus appartenant à un même groupe. La socialisation nous permet de voir en quoi l’histoire et la culture revêtent un caractère déterministe dans le façonnement de la personnalité individuelle dans une société où les modèles sont fixés par les valeurs. En outre, la survie des sociétés dépend de la transmission des valeurs de génération en génération, elles-mêmes qui furent intériorisées à priori par le biais du système éducatif. Le normal, le pathologique et le profil psychologique sont définis par le système qui oriente normativement les actions de l’individu, la différenciation des caractères fondamentaux à l’échelle nationale ou de façon intra-organique. La personnalité sociale construite à partir des agents de socialisation, nous permet de définir les comportements individuels dans une situation donnée. Pour E. Durkheim :
‘’ L’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné.’’[25]
L’éducation a infiniment varié dans le temps et l’espace. Nombreux sont les sociologues à constater que la socialisation peut être transmise au moyen de l’éducation qui reste une acquisition qui sous tend la transmission des valeurs d’une génération à une autre. Parlant de valeurs, cela nous amène à parler des agents qui sont les responsables de la transmission des valeurs.
2.3 – Les agents de socialisation:
‘’Les agents de socialisation sont chacun des différents acteurs sociaux qui ont une influence sur l’individu au cours de son existence.’’[26] Ce sont les diverses institutions ou acteurs qui assurent la socialisation, contrôlent l’articulation des mouvements humains en société suivant les différents milieux ou celui-ci évolue, ce sont les agents actifs dans le cheminement de la socialisation. Soit à l’intérieur des groupes institutionnalisés et identifiables ou par diffusion de masse vers une collectivité par le biais des mass medias. Ayant pour but d’éduquer l’individu au moyen des normes, la socialisation procède à l’instrumentalisation des valeurs sociales (mœurs, coutumes et traditions) qui sont les garants de l’ordre social d’où la prévisibilité des mouvements de l’individu au sein d’un agrégat en dehors de tout individualisme méthodologique qui met en exergue la conscience et la volonté de l’individu de transformer sa réalité, son milieu au gré de son idéal soit en écartant ou en ayant l’incapacité d’intégrer les normes sociales dans les cas de déviance ou de marginalité. Ils définissent les sanctions et les récompenses, le normal et le pathologique, tissent la trame sociale, participent aux mécanismes de la reproduction sociale, la mobilité ou l’intégration sociale.[27] Ils sont plusieurs à assurer ce processus mais dans le cadre de cette recherche nous allons mettre l’accent sur quelques uns : L’école, la religion, la famille, les mass medias, les groupes de pairs, la langue etc. Nous allons aussi essayer de les définir, de présenter leur rôle dans le processus de la socialisation.
2.4 – L’école
Ivan Illich en présentant une phénoménologie de l’école déclare ; ‘’ Elle est la gardienne des enfants, elle a la charge de l’endoctrinement, de l’instruction. (….)’’ L’école’’ et l’éducation forment un tout … lieu où l’on rassemble des êtres humains d’un âge donné autour d’enseignants. Ils sont soumis à une présence obligatoire et à la nécessité de suivre certains programmes…’’ [28] Elle remplit les fonctions globales de l’intégration et de mobilité sociale. [29]
2.5 – La Famille
La définition la plus courante – groupe caractérisé par la résidence commune et la coopération d’adulte de deux sexes et des enfants qu’ils ont engendrés ou d’adoptés[30]. Il ya plusieurs sous-types de famille selon les sociétés ou cultures :
Selon leur mode d’organisation on distingue :
1) La famille nucléaire qui est exclusivement composé des conjoints et des enfants non mariés.
2) La famille étendue ou élargie qui inclut intégralement ou en partie plusieurs générations sous un même toit.
Selon leur mode de constitution :
Le mariage arrangé quand le choix des conjoints est défini par les règles de la société par le vouloir des parents.
Le mariage par affinité quand les conjoints font eux-mêmes le choix de leur partenaire par leur système de filiation qui vise la transmission de la parenté dans un système unilinéaire. Les enfants sont incorporés au groupe des parents définis par la mère ou par le père, alors que dans le système indifférencié, ils participent au même titre que les deux lignées.[31]
Ayant pour but de faciliter l’adaptation, la protection et la reproduction, de fixer l’individu en un lieu donné, la famille est la courroie de transmission des croyances, des connaissances de toutes sortes, des savoirs vivre, des bonnes manières et la bienséance par la socialisation. Elle transmet à l’enfant l’héritage par l’expérience de la génération précédente. Dans la famille l’enfant intériorise les habitus culturels, des habitus de classe tel des habitus sexués. La famille néanmoins évolue au gré des changements sociaux.[32]
2.6 – Les médias de masse
Ensemble des techniques (réseau de transmission, équipements individuels et autonomes) qui permettent de mettre à la disposition d’un public assez vaste toutes sortes de messages, quels qu’en soient la forme ou la finalité. Les sociologues américains, suivis le plus souvent par l’usage en France, préfèrent employer le terme de’’ mass media.’’[33] La communication institutionnalisée définit le régime économique, social et politique dont une société est dotée, ce qui nous rapproche de la communauté, en son sens originel : La communauté.[34] L’objectif c’est de recourir à des moyens, ayant une accessibilité facile pour communiquer au sein d’une organisation sociale en vue d’amplifier le dialogue au sein des groupes qui la compose. C’est l’imprégnation massive de la culture dans son intégralité (littérature, art, musique, tradition, mœurs, philosophie, cosmogonie etc.) qui contribue également à l’industrialisation de la culture. Ce sont des guides d’opinion, d’information et de formation. Elle façonne l’individu au gré des publicités ou des propagandes médiatiques.
2.7 – La langue
C’est un élément de régulation, elle a une implication systématique dans le fonctionnement de la société. Son origine est floue et elle se diffère de la communication animale. La communication humaine est fruit du besoin, et, est plausible à travers les moyens de communication ; Des codes et symboles etc. Les premiers codes n’ont aucune marque de régularité et ont vu le jour comme par hasard. De La communication embryonnaire naissent les codes qui sont le produit d’une nécessité socialement ressenti dans le temps et l’espace. D’où la polygénèse de la langue qui se diffère de la monogénèse chrétienne : Le babélisme.
En ce sens, les premières langues sont mortes, sont munies de surdité verbale ou aphasie, sont agraphiques, alexiques. Pour l’homme la communication verbale c’est comme une manie.
La langue c’est le résultat de l’organisation sociale, de la biologie, de la coercition sociale et de l’espace ce qui fait de l’homme un producteur du langage. Ce qui nous apporte à spécifier qu’il n’y a pas une langue mère ou originelle mais des langues mères d’où le plurilinguisme.[35]
La langue est en constante évolution. Certains phénomènes tels que la diffusion, la différenciation, la précision, la pression ou la résistance créent un dynamisme au niveau de la langue. De cette dialectique naît de nouvelles langues et de nouveaux problèmes ou approches linguistiques. Il y a une étanchéité entre état de langue et état de culture voire même une orientation causale entre un type culturel et une structure linguistique. Il n’ya aucune indépendance entre la culture et la langue. La langue n’a d’autres fonctions que de transmettre le savoir partagé, les normes, les mœurs, les traditions etc. Elle est fortement marquée par la culture et constitue l’identité de groupe assez souvent.[36]
2.8 – Le bovarysme collectif
Le concept Bovarysme collectif que nous utilisons dans le travail est un concept que nous héritons du Dr. Jean Price Mars. Il est vrai que c’est dans le sens qu’il l’a employé que nous aussi nous l’employons dans ce travail, cependant, certaine précision mérite d’être apportée en vue de mieux cerner le sens et le contenu de ce concept.
2.8.1 – Histoire du mot
Le concept Bovarysme est issu de Madame Bovary est un roman de Gustave Flaubert paru en 1857 dont le titre original est Madame Bovary, mœurs de province. Il fut jugé pour outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs. Il peint Emma Rouault qui est la fille du riche fermier M. Rouault, et qu’est élevée dans un couvent. Puis, elle s’est mariée à Charles Bovary, qui malgré de laborieuses études de médecine est un simple officier de santé. Emma est déçue de cette vie rébarbative. Elle, Madame de Bovary se refugie dans les personnages des romans pour fuir la réalité et se met à illusionner. Ses amants sont vite lassés du sentimentalisme paroxystique de la jeune femme qui rêve de voyages et de vie trépidante. Emma accumule une dette envers M. Lheureux, qui exige d’être remboursé. Les amants d’Emma ont refusé de lui prêter de l’argent. Madame de Bovary se suicide par désespoir. Charles de son côté, meurt de chagrin.
2.8.2 – Du mot au concept
Le comportement de Madame de Bovary, un personnage de Flaubert a chopé l’étonnement de plusieurs penseurs tant philosophes, sociologues, anthropologues que d’autres dont les études et les définitions ont fait passer le mot du domaine vulgaire aux domaines scientifiques et philosophiques dont Jules de Gaultier est le premier à produire des réflexions de la sorte.
2.8.3 – Bovarysme : Essai de définitions
Le bovarysme selon Jules de Gaultier ‘’Cette faculté est le pouvoir départi à l’homme de se concevoir autre qu’il n’est.[37] ‘’
Georges Palante le définit comme : ‘’Cette force que nos nommons volonté en acte, et qu’on a coutume de nommer la vie, engendre le pouvoir de l’illusion par toute activité intense, se constitue un univers précis en harmonie avec les désirs.’’[38] Il est issu de la philosophie esthétique, contemplative de la recherche du vrai rendu par le beau, de l’illusion délicieuse des choses. C’est une forme d’indifférence au succès ou insuccès, un état de renoncement et de désintéressement aux fins proposées. C’est la célébration de la vie pour sa beauté malgré les torts et les tares. C’est une loi où les individus ou les communautés humaines se sont dupés par leur imagination, leur joie et leur malheur. Comme dans un jeu, c’est l’attitude du spectateur épris par la beauté du spectacle. C’est une forme de narcissisme métaphysique, qui préconise la fin de l’existence. Elle émerge de petit à petit de l’action et de l’expérience de la vie. C’est-a-dire de la souffrance de l’indignation de la révolte. Cette sensation crée un mélange de connaissance, une perception encrée dans l’émotion et les désirs. Cette attitude spectaculaire est une attitude de résignation par rapport aux mélancolies de la société. Par rapport aux injures, aux injustices, aux aspirations bafouées par la mauvaise gestion de l’Etat, de la dictature, de la crise de l’orientation normative de la société, des crises sociaux, politiques. Le bovarysme est plausible également par rapport aux insécurités de tous genres : Alimentaires, économiques, sociales, déséquilibres mentaux etc. Et, vu que l’intellect n’est pas à sa fin, il édicte ses principes à la pure satisfaction logique, esthétique, hédoniste, etc. C’est une procuration de la privation, c’est un principe de différenciation, de mouvement, de vie, créateur et organisateur de toute réalité. Le bovarysme fait de l’existence un problème à regarder non à résoudre, il constitue un illusionnisme en dehors de toute finalité morale et phénoménale, un agnosticisme de la chose en soi dans la fabrication d’une conscience artificielle. ‘’Mais cette défaillance de la personnalité est toujours accompagnée chez eux d’une impuissance, et s’ils se conçoivent autres qu’ils ne sont, ils ne parviennent point à s’égaler au but qu’ils se sont proposés.’’[39] Et, de cette démarche, il peut résulter une Dialectique ascendante ou une dialectique descendante.
2.8.4 – Une typologie du bovarysme selon Georges Palante
On distingue divers types de bovarysmes selon Georges Palante, parmi lesquels citons :
- Le bovarysme sentimental ; un amant qui se conçoit suivant un ancien modèle ou un idéal nouveau.
- Le bovarysme moral consiste à se Coire plus moral et vertueux, fort, héroïque que tous, par exemple l’esprit puritain et protestant.
- Le bovarysme intellectuel à la portée des sots et des philistins qui se veulent artistes et penseurs originaux.
- Le bovarysme social pour combler les exégèses de l’histoire. [40]
2.8.5 – Le Bovarysme collectif
C’est sur Price Mars et le bovarysme collectif que nous portons notre intérêt. Pour citer Price Mars : ‘’Le bovarysme collectif c’est-a-dire les facultés que s’attribue une société de se concevoir autre qu’il n’est.’’[41] Et, par bovarysme collectif Price Mars insinue cette appropriation culturelle de l’autre par le rejet du soi, par toutes sortes de singerie opérationnelle par le biais du snob, de l’éclectisme, de l’exotisme etc. C’est une perte de la mémoire collective, l’oubli des patrimoines et le rejet de nous même et de notre histoire, nos coutumes, traditions, nos mœurs en tant que peuple.
Chapitre III
HISTOIRE DU HIP HOP EN HAITI
III – Histoire du Hip Hop en Haïti
3.1 – Généralité sur le Hip Hop
Né dans les 1970, le hip-hop comme culture a vu le jour en réaction à la ségrégation et au racisme américains qui furent intrinsèques à la formation des Etats- unis d’Amérique comme peuple ou comme État-nation depuis la guerre de l’indépendance en passant par la guerre de sécession pour arriver aux lois de Jim Crow qui remplaçait le code noir depuis 1876, que la cour suprême de Plessy V. Ferguson renforçait en 1896.[42] Constituant une forme de protestation contre toutes formes de violences faites aux noirs ou nègres par le passé et résultant des mouvements identitaires des années 60 et d’assassinats presque systématiques des leaders noirs des mouvements de droits civiques et politiques comme Malcom X, Martin Luther etc., les fêtes de quartier (block Party) dans Bronx, Harlem et Brooklyn ont été les premiers jets de cette nouvelle mode d’expression. Ces quartiers de New-York ont été le foyer d’une mixité culturelle de musiques électro, disco, funk ou jamaïcaines mais aussi un espace de créations artistiques tel le scracthing, le breakdancing, le remix, le mcing ou rap etc. ; transformant ainsi leur réalité de violence en chorégraphie et en un discours de dénonciation du social et de la politique par la culture.
Selon les analyses de kellner et Best paru dans le vol. 2 du journal Enculturation au printemps de 1999 intitulé : Rap black Rage and racial difference, parmi les principaux éléments du hip-hop, on peut citer : Le mcing ou rap qui est une façon de boxer avec les mots[43], le Djing, le graffiti, le beatboxing, le breakdancing, le tag, le street fashion qui est, selon Roger Chamberland : ‘’ …En concordance avec un esprit de solidarité ou une tribalisation tout à fait caractéristique de la société postmoderne. Cela ne signifie pas pour autant que l’on rejette les acquis de la génération X, mais que l’on en a déplacé les enjeux fondamentaux afin de mieux rendre compte de la complexité et de l’hétérogénéité de la société …[44]
Et, il est évident que ‘’le hip hop n’a pas fait tabula rasa de la mémoire collective, mais qu’il l’a acclimatée, de la génération X à la génération XXX, comme phénomène identificatoire et de reconnaissance institutionnelle que l’on ne peut réduire comme un avatar de l’américanisation, parce que le rap nous vient des États-Unis.’’[45]
Parmi les autres éléments du hiphop on peut énumérer : Le street language, le style de vie, les arts visuels et graphiques etc. Et, parmi les pionniers, on peut citer des noms comme : Afrika Bambaataa avec sa Zulu nation, Kool Herc, Grand Master Flash etc.
Sur un plan étymologique et définitionnel, c’est la définition du rappeur américain KRS ONE sur l’album Hip Hop Lives paru en 2007, qui est largement accepté pour signifier le hip-hop entant que mouvement et mode de vie. [46] La culture hip-hop est un élément de la culture qui construit son essence à travers les cultures. Ces dernières qui sont vécues par l’ensemble des acteurs sociaux constituent l’existence de la culture qui n’existe qu’à travers les cultures.[47]
Par souci de reconnaissance, le hip-hop est pris dans une structure de contradiction et de refus systématique et systémique. Par rapport à cela il s’est fixé des objectifs aux fins d’intégration certaine ou d’une certaine intégration revendiquant son droit de cité en colonisant les espaces par les tags, les graffitis, les crews, les groupes et clans comme marques de territoires. Par le truchement de ses activités, des individus ou des groupes, le hip-hop est vite devenu une culture alternative en subordination à la culture dominante de l’occident. Les différents éléments du hip-hop sont ‘’des moyens pour la génération invisible de sortir de l’ombre et d’affirmer son existence.’’ [48] En d’autres termes, le hiphop c’est la pensée nette des individus qui vivaient en anonymat dans l’oppression et la répression. C’est la visibilité de l’invisibilité de ceux qui étaient sans être. Le hip-hop est alors défini comme une volonté de s’élever et de progresser en utilisant son intelligence et sa créativité’’.[49]
Il est clair que plusieurs facteurs vont être déterminant dans l’émergence du hiphop et que les facteurs historiques c’est-à -dire la question de l’esclavage et de la colonisation sont loin d’être les seuls éléments pouvant expliquer tout ceci. Il faut aussi considérer les facteurs socio-historiques et géoculturels ; des espaces urbains avec de forte densité, une forte prédominance afro-américaine hébergeant aussi des minorités culturelles, les guerres de quartiers qui ont influencé les messages du hip-hop.
On ne va pas certainement faire un historique exhaustif de la culture hiphop mais il y a une évidence à mettre au jour c’est que le hiphop n’a pas connu une même trajectoire dans la société américaine que dans la société haïtienne. Si aux Etats-Unis sa présence était le fruit des conditions sociales inacceptables d’où l’expression de la négation, en Haïti, suite au contact culturel, le hiphop fut le résultat de l’ouverture d’une brèche dans notre foyer culturel par la désorganisation des agents de socialisation et il fut manifesté par la présence de la première musique rap comme élément du hiphop en 1982. Ce fut la chute de l’administration des Duvalier le 7 février 1986 et les acquis sociaux et démocratiques qui favorisèrent l’émergence du hiphop haïtien. Par exemple, la liberté de la parole et de l’expression qui furent stipulée dans la constitution du 29 mars 1986. Ce qui n’était pas possible sur un régime dictatorial au sein duquel le discours du hiphop s’avérerait très dérangeant, l’était à la chute du système. Sans trop vouloir s’attarder sur les détails voyons un par un, dans un cadre historique bien sûr, certains éléments du hiphop haïtien.
3.1.1 – Le hip hop haïtien
L’avènement du hip hop haïtien est marqué par la sortie de la musique Vakans de Master DJI en 1982. De son vrai nom Georges Lys Hérard (…21 Mai 1994), il a été le pionnier de presque tous les éléments de la culture Hip Hop. En tant que rappeur, il a sorti la première musique Rap en Haïti ; danseur, il a épaulé le break-dance dans ses premiers pas ; peintre, il a jeté les bases du graffity ; animateur, il a animé les premières heures d’émissions du Rap haïtien sur les ondes des radios Métropole (100.1) et tropic FM (91.3) ; Opérateur de radio et DJ, il a également posé les jalons du DJing haïtien, sans pour autant oublier qu’il est le premier à enclencher la réinterprétation du Hip Hop en incrustant le folklore haïtien dans le Rap et dans le Break-dance.
3.1.2 – Le Rap
Le Rap a vu le jour en Haïti en 1982, avec la sortie de la musique Vakans de Master DJI, mais a connu son tout premier succès avec le titre Tann pou tann en 1984. Cependant, c’est avec l’obtention du deuxième prix du concours découverte de France Internationale qui a valu au Rap la peine d’être célèbre avec la musique Sispann de Master DJI. Puis, au cours de cette même année, la chanson Gade Kandida des frères Parent a renforcé cette vague de célébrité fraichement apparue. D’un autre coté, il y avait Papa Djube et King Kino qui se faisaient déjà montre dès le début des années 1990. Toute cette attention accordée à cette nouvelle tendance est du au fait que les messages qui y étaient véhiculés étaient d’ordre revendicatif, contestataires et conscients.
Comme pionnier, Master DJI a instauré tout un mouvement avec Haïti Rap N Ragga, qui a su assurer la relève après sa mort soit le 21 Mai 1994. Ce même Haïti Rap N Ragga allait se scinder pour donner naissance au groupe Original Rap Staff (ORS) en 1994. Soupa Denot de Haïti Rap N Ragga fut le premier rappeur à être champion du Konkou Chante Nwèl de TéléMax en Hiver 1995. Puis au cours de cette même année, ORS allait se fragmenter pour donner naissance à Masters of Haïti et quelques années plus tard, Million Cords et Grave Clan de Bad Crazity, ce dernier allait plus tard donner naissance à Shaka Dreams. Il faut aussi noter qu’Haïti Rap N Ragga avait fait école au point qu’il a influencé tous les groupes musicaux à tendance Rap de son époque avec une caractéristique toute particulière : un entrelacement entre des voix aigues et graves du genre Top Adlerman et Cool MC de Original Rap Staff et Haitian Buju et Samy B de King Posse, sans oublier des pseudonymes assez spécifiques comme TOP, DON, BLACK, MC qui précèdent leurs noms d’artistes. À cette époque, à l’instar de Haïti Rap N Ragga, la musique Rap en Haïti était calquée sur le modèle Jamaïcain parce qu’aucune démarcation n’était faite entre le Rap et le Ragamuffin.
Suivant ce modèle Jamaïcain, toute une pléiade de groupes, dont l’ébauche serait lassante, a vu le jour. Parmi lesquels citons les plus connus:
- Chachou boys des Gonaïves
- Metal ice
- Black leaders
- 4×4, un groupe féminin
- Taxi nice, un groupe majoritairement féminin
- Rap N family (voir photo # à la page)
- ORS ‘’ original rap staff ’’ (voir photo #4 à la page117)
- King Posse (voir photo12 # à la page 118)
- Bothers posse
- King of kings
- Flex
- Shaka dreams (voir photo #1 à la page 117)
- Bad boyz stylo (voir photo #7 à la page 118)
- Espas
- Strongers Camp
- Alaye
- Jah yéyé (Artiste solo)
- Born haitian[50]
La fin des années 90 soit 1998-1999, communément appelée La Renaissance par les rappeurs eux-mêmes, est marquée par la montée des grandes associations généralement appelées Crew, Click, Clan, Lame, comme :
- Lame Nèg anba (LNA)
- Asosiyasyon Nèg Bèlè (ANB)
- Gazoline Clan
- First clan
- M-One Clan
- 33rd Side
- Konbit ba Dèlma (KBD Click)
- Konbit Nèg Foucha (KNF)
- Tribu de Job
- LLPKYA
- Lame San Pran Souf (LSPS)
- Nèg Geto Salomon (NGS)
- Geto Bò Lanmè (GBL)
- Jenerasyon Nèg Solid (JENES)
- TWIN ZINC
- Klan Zansèt Nèg (KZN)
- Real Ganster Music (RGM)
- Grave Clan
- Brave Guys
- Barikad Crew (BC) (voir Photo # 16 à la page 119)
- Apostolat
- La semence de Judas
- Sektè Tinèg
- Mystic 703[51]
Cette période fut marquée par une mentalité de combat. Tous les rappeurs se voyaient comme des soldats en mission pour le Rap. Les noms des rappeurs portaient la marque de cette époque, citons quelques-uns:
- Majò Kempes
- Sòlda Bwafouye
- Kolonèl Gèp
- Jeneral Pongongon
- Kòmandan Brav
- Sòlda zotobre
La renaissance, précisons, est également marquée par ce grand mouvement nommé ‘’Konbit’’ réalisé à l’Archaie avec Speedy et Ez 1 et par d’autres mouvements du même genre, notamment le ‘’Rasanbleman Guillaume Manigat’’ à la rue Chareron au Collège Guillaume Manigat. La Majorité des représentants des groupes y participaient pour poser les problèmes du IPAP (idantite patrimwàn ayisyen pozitif)[52], du voodo stylo[53] et la réplique par rapport au projet li <<pap pase>>[54] lancé par des tenants du compas dans le début des années 2000.
En suite, ce renouveau fut marqué par la sortie de la musique carnavalesque Voye blo (appelé en général Hip Hop Naval) de gazoline clan de Dead air-J, Papa katafalk et Konda Gana qui allait ensuite devenir les pères fondateurs de Barikad Crew. Ce n’est plus l’ère du style Haïtien-Jamaïcain, mais plutôt de celui du Haïtien-Américain[55] et à cette époque, malgré la prise de conscience chez plusieurs de ces rappeurs à produire des textes conscients et adaptés aux réalités sociales et culturelles haïtiennes, par exemple Klan Zansèt Nèg (KZN), Lame San Pran Souf (LSPS), Delege, Tribu de Job et Apostolat, mouvement situé aux environs de Place Sainte Anne et ayant pour chef de fil Ez 1 et Léonel Laguerre, d’autres cependant, ont continué à se laisser imprégné par la vision américaine du Rap.
Malgré tout le rap était foncièrement hardcore[56] et les rappeurs eux-mêmes disaient qu’ils faisaient des musiques kout baton. C’était également la période de ‘’l’union’’. Tous mangeaient, buvaient et fumaient ensemble. Rapforum, située à la rue Magloire Ambroise et koze kreyol située à la rue Capois juste en face du lycée du cent-cinquantenaire connu sous le nom lycée des jeunes filles, berçaient les Freestyle et les projets de collaborations entre artistes. Il n’y avait presque pas beaucoup d’émissions de Rap à cette époque, sinon que sous les ondes de Tropic FM (91.3), une émission avec Eliacim Aboulassen, puis Mr Beauvoir, Le show des ondes avec Money Honey Mike sur Signal FM (90.5) et real show avec Ez 1 sur radio Haïti inter. Notons que sur les ondes de Radio Antilles, entre 10ham et 2hpm, le Rap haïtien était diffusé tous les jours sauf le Dimanche.
Il n’y avait ni de show télévisé, ni de studio de production de musique ou de vidéoclip Rap à ce moment là.
L’année 2002 marque la sortie de la musique titré ‘’Madan Bruno’’ avec ASRAP (Association des rappeurs). C’est également la montée en puissance des musiques Rap favorisée par la prolifération des studios d’enregistrement comme G-spark situé à Delmas 29, rue Georges Sylvain, qui est l’un des premiers studios d’enregistrement typiquement rap, kay Abraham situé à la rue de la réunion juste en face de la rue d’Ennery et kay Léonel dit papa bit, situé à la rue d’Ennery juste en face du lycée Toussaint Louverture.
ASRAP fut la plus grande union de ce genre et la plus grande rupture également. Il impliquait les ténors du rap de l’époque : ORS, 2kondane, 2konplis, Tribu de job, Apostolat, RGM, Rap N familly, pour ne citer que ceux-là.
Cette époque fut marquée par une forte utilisation du rap à des fins politiques, parce que la majorité des textes de cette époque dénonçaient les inégalités sociales, et les abus policiers, les aspirations sociales, l’instabilité politique, les tors et les tares de la société haïtienne de l’époque, etc.
En 2004 on se passe du rap dans les medias, vu que le 29 février, Jean Bertrand Aristide n’est plus président. Et, d’un autre côté le reliquat de ASRAP allait se disséquer en ASRAP avec Jimmy O et Live Jam avec Money Honey Mike. C’est encore le moment de conscientisation subtile et là émerge Baricad Crew puis Rock-Farm qui vont être porteurs de ce flambeau en ce polémiquant, mouchwa rouge ou blod (Barikad Crew) vs mouchwa ou crip (Rock Farm). Chaque zone va logiquement se faire représenter par un groupe au sein de la communauté du rap ayisyen, parmi lesquels : bèlè masif (bel-air), SLN concorde (solino), , c- Project (carrefour –feuille), Escalade (carrefour), Sektè ti nèg (rue st martin), SAL (Delmas 2), brave guys (Delmas) qui allait devenir ensuite Rock-Farm, chef de file du mouvement DELMAFIA et Baricad Crew (Bas-peu de chose) chef de file du Mouvman Jeneral. Malgré tout Mystic 703 continu dans sa lignée du rap conscient ayant pour chef de file k-libr .C’est le début d’une période du rap beef[57], Gangster, violente, sexiste, non –consciente et exhibitionniste.
En 2006, soit onze ans plus tard, le Rap a eu son deuxième titre honorifique avec Barikad Crew au << Konkou Chante nwèl >> de TéléMax. Ce Concours à caractère national, était conçu pour faire la promotion des jeunes talents venant d’horizons divers ; et au sein de la société haïtienne, ce concours jouissait d’une charge symbolique et d’une attention considérable. Rappelons qu’aucun groupe à tendance Rap n’a su décrocher une place honorifique à ce concours si prestigieux depuis sa création en1995, à l’exception de Soupa Dénot de Haïti Rap N Ragga, avec son numéro ‘’Nwèl nan wèl ou’’. Il faut aussi noter que l’année 2006 rappelle un évènement majeur en l’occurrence Rap Rocher 1ère édition, un festival Rap qui réunit presque tous les artistes et groupes populaires de l’époque. C’est également la sortie de Map Rap 1, premier film documentaire sur le Rap Haïtien réalisé par Emmanuel Cajuste de Koze kreyòl et aussi la remise du premier grand prix haïtien du Rap. Enfin, au cours de cette même année, le concours de Yélé Ayiti de Wycleff Jean, la méga star Haïtiano-Américaine, avec pour thème Lari Pwòp, réunissant des rappeurs de trois quartiers défavorisés en l’occurrence, Marché Salomon, Bel-air et Cité Soleil, allait vu le jour.
En 2007, Baricad Crew a pu obtenir, dans la période carnavalesque, la première place de sa catégorie avec son titre ‘’Trip nap trip’’.
En 2008, des faits tout à fait nouveaux ont fait leur apparition dans la communauté du Rap haïtien :
- La communauté compte beaucoup plus de Studios d’enregistrement à son actif.
- La communauté compte plus d’Ingénieurs de routine.
Cette année est également marquée une fois encore par Baricad Crew, qui a été Best-Seller à Musique en folie. Cet évènement a été un déclic, un élément motivationnel majeur, donnant naissance à d’autres nouveaux groupes dans la même lignée idéologique, citons par exemple, Pick-up Click, Anbasad Camp, U-17, R-Camp, Replik. Plusieurs compétitions allaient être organisées à des fins purement médiatiques par des Directeurs de médias. Plusieurs musiques compas allaient se faire mixer avec le Rap toujours dans la même visée d’attirer l’auditoire. La musique ‘’Please baby’’ d’Allan Cavé du groupe ZIN, la musique ‘’Biznis Pam’’ et ‘’Mannigeta’’ de Djakout Mizik en sont des exemples.
En 2009, dans la nuit du 14 au 15 Juin, l’évènement majeur reste le tragique accident impliquant la mort de trois rappeurs de Baricad Crew en l’occurence K-tafalk, Dad, Dejavoo et d’un musicien du groupe, nommé Guichard. Ajouté à cela, le suicide de Nathalia amante de K-tafalk. Cet évènement a valu à ces jeunes des funérailles nationales et des marches de sympathie furent convergées vers le lieu de l’accident. Cet évènement a eu pour mérite de converger l’attention du grand public vers les musiques Rap afin de saisir les messages qui y circulent et il faut aussi noter l’acceptation de la couleur Rouge, couleur du groupe Barikad Crew, lors des funérailles de ces jeunes. Notons que généralement en Haïti, la couleur rouge est un interdit lors des cérémonies mortuaires.
L’année 2010 fut marquée par le tremblement de terre qui a secoué le pays et a fait de nombreuses victimes parmi lesquelles des rappeurs de renoms, citons Ez 1, Jimmy O[58], Yong Cliff, Full bass et le groupe Frapman qui a perdu plus de 4 de ces membres lors de leur répétition de routine.
Enfin, l’année 2013 est marquée par la prolifération des émissions Radiodiffusées et télédiffusées telles que : Rapatriye, Hot Sunday, Hot Saturday, Hip Hop Nation, Rap san limit, Wa Rap, pour ne citer que celles-là. Le tableau suivant fera le résumé des moments forts du Rap Ayisyen dès sa création à une date plus ou moins récente.
3.1.3 – LE GRAFFITI
Initié en Haïti par Master Dji, le graffiti constitue une activité qui fonctionne de façon sporadique mais il ne bénéficie pas des mêmes opportunités que le rap. Dans ses premières heures, chaque groupe avait quelqu’un pour déposer son ‘’tag’’[59], sur tous les murs de la ville, plus précisément dans le quartier où le groupe avait pris naissance, comme s’il voulait identifier leur territoire. C’est précisément une délimitation spatiale qui soutenue par ce signe distinctif qu’est le graffiti, servant à marquer les espaces considérés comme bastion du Rap. Certains Graffeurs très connus dans la communauté du Rap. Citons par exemple, Max Fly de M- one clan, Tchoocko Tòg de KZN, Ti Rasta de 3eme avenue Bolosse, et DRZ[60] de NGS. Mais cette activité culturelle n’a jamais bénéficié, comme tant d’autres, des apports ou considérations de l’Etat. Bien qu’en étroite collaboration avec le MCIng, il n’a jamais été vu comme un mouvement artistique digne du nom. Parmi les plus éminents graffeurs on peut dénombrer Epizod, Marc de sizonnen ou Marc plus l’infini et Jerry. Mais, cet élément de la culture hiphop n’est pas aussi pléthorique que le rap. Tout comme le Rap conscient, le graffiti est porteur de revendications et d’une forme d’identification propre à un groupe ou un clan à l’intérieur de la communauté Hip Hop.
3.1.4 – Le DJING
Le Djing devrait constituer le jumeau de rap mais, en Haïti, il est l’objet d’utilisations à des fins purement commerciales. Dès 1995, la séparation entre operateur et DJ était beaucoup plus nette. Cette opérationnalisation a été due suite au programme de vacances instauré par la Secrétairerie d’Etat de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique, qui a favorisé l’explosion du Dj qui devrait remplacer l’opérateur dans les petites fêtes de familles et d’amis. A l’inverse de la culture Hiphop originelle, le djing haïtien n’est en aucune façon promoteur du rap haïtien et ne constitue en aucune façon un moyen de renforcer soit le break dance ou le Rap. Mais, entre temps plusieurs Dj ont émergé dans cette lignée.
3.1.4.1 – Le beat box
Jusque vers 1997, le beat box dans le temps a été, tout comme le graffiti, un élément faisant partie de la culture hip hop. Chaque groupe avait son ‘’beat boxeur’’ mais le plus célèbre d’entre tous fut Dj Scratch, présent dans presque tous les ‘’free-styles’’[61] de l’époque.
Chapitre IV
Les causes de l’implantation du Rap en Haïti
IV – Les causes de l’implantation du Rap en Haïti
Cette partie du travail consistera à analyser les différents agents de socialisation afin de montrer dans quelle mesure ils sont responsables de la désorganisation de la cité par leur comportement bovaryque, laissant les individus sans référents culturels. Et dans le cadre de notre travail, c’est l’ensemble de ces considérations qui nous permettront de montrer, selon Clyde Kluckhohn[62], dans son initiation à l’Anthropologie, que la société haïtienne des années 80 était désorganisée et par conséquent elle était plus réceptive qu’émettrice. Notre approche ne va surtout pas aborder le rapport en termes d’interpénétration culturelle, mais plutôt, on va montrer comment la faiblesse de nos institutions à vocation intégrationniste a joué un rôle assez important dans l‘implantation de certaines valeurs dans la société haïtienne.
Pour reprendre la réflexion de Clyde Kluhkohn dans son texte ‘’ Initiation à l’Anthropologie’’, qui stipule que : ‘’ lorsqu’il y a rencontre entre deux cultures, celle qui est plus désorganisée est plus réceptrice que l’autre’’, notre démarche s’étendra sur deux point fondamentaux à savoir de montrer : I) la désorganisation des institutions haïtiennes à vocation socialisatrice et II) le contexte de la mondialisation via les masse média
- I) De la désorganisation des institutions haïtiennes à vocation socialisatrice
4.1 – De l’école à l’école haïtienne
L’école est une institution chargée de la socialisation formelle de l’individu par le biais de l’enseignement et de la pédagogie et favorise la mobilité et l’intégration sociale. D’où, l’école haïtienne est cette institution responsable d’inculquer aux haïtiens et aux haïtiennes, les mœurs, les valeurs, coutumes, le civisme, la mémoire, les idéaux de la nation, de les transmettre les acquis etc. Elle constitue la base du développement et opérationnalise l’Être de demain.[63]
4.1.1 – Intégration, essai de définition
Si l’intégration désigne la consistance entre les individus ou les groupes sociaux, le partage et la concordance des valeurs, elle désigne également la conformité par rapport aux normes, l’interaction et l’interdépendance entre les différents éléments d’un système.
En ce sens, on distingue ‘’L’intégration sociale’’, qui concerne les relations consensuelles ou conflictuelles entre les acteurs de ‘’l’intégration systémique’’ qui concerne les relations entre les composantes d’un système social.[64]
4.1.2 – L’école haïtienne : Une institution non-intégrée
‘’ Aucune question relative à l’école haïtienne ne peut se résoudre sans tenir compte de nos origines et de notre formation historique, de notre situation géographique, de l’état de notre économie, de notre situation morale en face des autres peuples et des besoins particuliers qui découlent de ces données’’ pour citer Pradel Pompilus[65]. L’auteur voulait ici mettre l’accent sur ce devrait être l’école haïtienne pour mieux remplir sa fonction d’intégration. Sa réflexion va jusqu’au fondement même de ce que devrait être l’enseignement en disant : ‘’ La meilleure façon d’en fonder un enseignement intégré, c’est de le fonder sur le milieu naturel humain’’.[66]
Ici, nous posons le problème de l’intégration de l’individu que l’école en tant qu’institution devait prendre en charge. Par contre, entre les études classiques et l’université, il n’y a pas une concordance nette. Les études classiques n’assurent pas ou ne sont pas suffisantes pour assurer une entrée à l’université, il faut, pour la majorité passer par les préfacs. D’où, la montée en puissance des préfacs organisés par les étudiants et étudiantes des différentes facultés avec ou sans le support des décanats. Ces activités, créées soit disant pour faire le pont entre l’école et l’Université, ne font que prouver la faiblesse de l’Institution dénommée ‘’l’école haïtienne’’ et ne sont que des activités économiques qui ne sont inscrites dans des programmes scolaires, vu qu’elles ne sont pas adaptées au programme de MENFP (Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle). D’un autre côté, Les types d’enseignement et les cadres exigés des lycées diffèrent de ceux des écoles congréganistes et de ces fameuses écoles borlettes[67], et en dernier lieu, des écoles transplantées (Lycée français, Union School) qui ne répondent aux mêmes exigences ou ne construisent pas les mêmes citoyens. Seuls les examens d’Etat constituent un dénominateur commun entre les différents programmes de ces différentes institutions.
En ce sens, l’école haïtienne produit des encyclopédistes, des individus qui n’ont pas conscience d’eux-mêmes vu qu’ils ne partagent pas les mêmes normes et les mêmes valeurs. Ils s’éloignent du corps social, à cause de cette éducation à plusieurs vitesses ; ce qui montre clairement l’incapacité intégratrice de l’école haïtienne.
4.1.3 – Une école non intégrée dans la production des intellectuels non-organiques.
Nous basant sur la mission de l’école dans une société, sue ce que devrait être l’école haïtienne et sur sa faillite quand à sa mission d’intégration, il est évident que l’école haïtienne, telle que nous la connaissons, produit des intellectuels non-organiques. Notre compréhension de l’intellectuel organique nous vient de Gramsci qui dit ce qui suit :
’’Tout groupe social, qui naît sur le terrain originaire d’une fonction essentielle dans le monde de la production économique, se crée, en même temps, de façon organique, une ou plusieurs couches d’intellectuels qui lui apportent homogénéité et conscience de sa propre fonction, non seulement dans le domaine économique, mais également dans le domaine social et politique’’[68]
D’où, selon la perception de Gramsci, les intellectuels organiques sont des intellectuels conscients de leur origine et du système dans lequel ils évoluent.
L’approche de Gramsci nous amène à comprendre que l’école haïtienne ne tient pas compte non seulement de la formation historique, géopolitique, de la situation économique, de la réalité sociale et culturelle de ce coin de terre qu’est Haïti mais, produit des individus étrangers à eux mêmes. L’éducation scolaire et l’enseignement supérieur devraient viser à élever les individus en leur aidant à devenir eux-mêmes, à être libres et maîtres de leurs choix. Or, l’école pratique plutôt le nivellement et l’abaissement des personnes pour en faire des pions interchangeables utiles au fonctionnement d’un système social et économique. Les jeunes sont ainsi broyés par une machine à fabriquer des ‘’clônes’’ efficaces et non-pensants, performants pour la jungle économique et relationnelle qui les attend. En d’autres termes, l’école haïtienne renforce la reproduction des inégalités sociales et l’élitisme social de l’éducation. L’école haïtienne reproduit l’idéologie colonialiste. Cette éducation cherche à inculquer aux apprenants la représentation que se faisait d’eux cette idéologie : celle d’êtres inférieurs, incapables, pour qui le salut ne pouvait consister qu’à devenir des blancs ou des noirs à l’âme blanche ; de là, la négation de tout ce qui est une représentation authentique de la manière d’être du peuple. Ajouté à cela, dès le début des premières journées après notre indépendance, par un bovarysme culturel collectif, la nation naissante n’a pas se créer une identité propre. Comme le remarque Jean Fouchard : ‘’la mode et toute la vie sociale aspirent à faire de notre pays et ceci dans toutes ses manifestations artistiques ou intellectuels << la France noire des Antilles>>.[69] Suivant ce même constat, J. B. Romain écrivait ceci : ‘’L’éducation haïtienne suit les traditions françaises avec une ouverture particulière sur la science et la technologie américaine’’.[70] Enfin, Rémy Matthieu fait ce même constat en écrivant : ‘’Il faut que l’enseignement supérieur soit établi comme il est à Paris’’[71]
Ces remarques ne font que cristalliser le fait que l’école en Haïti répond à d’autres aspirations que celles de la production d’intellectuels ancrés dans la réalité socioculturelle haïtienne. Les cadres ou penseurs des politiques éducationnelles ne se voient pas comme agents du développement collectif intégré.
Ce sont là bien des politiques socioculturelle et éducationnelle qui rendent les gens des inconscients de leur situation. Puis, ils sont arrivés dans le secondaire puis à l’université avec une augmentation significative de leurs effectifs. Et, l’école haïtienne a une capacité d’accueil faible. La démocratisation de l’enseignement devient un enjeu central des politiques éducatives : (Lekòl gratis préconisé par la constitution 1987, implémenté par le Président Martelly). Une croissance des effectifs scolaires et universitaires est aussi alimentée par une augmentation remarquable de la demande des familles. L’élévation du niveau de vie et l’augmentation de la proportion de cadres et de professions intermédiaires dans la population active provoque une mutation sociale fondamentale. L’école autorisait certes une ascension sociale, mais comme l’indiquent les effectifs bien maigres des enseignements secondaire, primaire, supérieur ou technique, cette ascension était réservée à une minorité. C’est donc une inversion des logiques sociales jusque-là dominantes que symbolise la démocratisation de l’enseignement : l’école est de plus en plus perçue comme une chance pour tous les enfants, et non pas seulement pour une élite, d’accéder à un statut socioprofessionnel meilleur que celui de leurs parents. La dimension en partie illusoire du processus de démocratisation de l’école. La surreprésentation des enfants des familles culturellement favorisées dans l’enseignement supérieur, et à l’inverse la sous-représentation des enfants d’origine populaire, indiquent que l’école fonctionne comme une machine de sélection sociale. Alors que la majorité des enfants des milieux à fort capital culturel accèdent à l’université ayant une capacité d’accueil très faible, les enfants des milieux populaires sont sur sélectionnés. Pour eux, la scolarité, surtout secondaire, s’apparente à un parcours d’obstacles qui les oblige à faire preuve de qualités intellectuelles et psychologiques supérieures à celles de leurs camarades des milieux cultivés, des grandes villes. Ces derniers, en revanche, héritent ces qualités de leur environnement culturel familial et peuvent donc les réinvestir spontanément dans leurs activités scolaires.
Les professeurs développent selon eux un discours dont le registre de langue, (la langue française), les références culturelles implicites et les nombreuses digressions témoignent de leur propre culture. Sans oublier la quantité excessive des professeurs incompétents qu’on appelle Mèt ou Matmwazèl avec souvent leur fransè Mawon et leur manque de formation. Mais un tel discours n’est vraiment compréhensible que par des élèves qui ont bénéficié d’une familiarisation en créole insensible et antérieure à cette même culture malgré les différents programmes et reformes réalisés dans le système. Ce qui est transmis scolairement ne suffit pas, la culture authentique consiste à savoir prendre ses distances avec le savoir scolaire et à manifester une aisance linguistique et comportementale qui est la marque de distinction des classes sociales dominantes. Il y aurait dans les enseignements secondaire et supérieur une complicité traditionnelle entre les professeurs et les élèves issus des familles cultivées. P. Bourdieu et J.-C. Passeron écrivent ainsi en 1972 : ‘’ Toute action pédagogique est objectivement une violence symbolique en tant qu’imposition, par un pouvoir arbitraire, d’un arbitraire culturel’’ [72] Mais ils étaient nécessairement réceptifs aux discours qui s’en inspiraient et qui dévoilaient la part d’arbitraire et de conformisme social de la culture académique et de ses modes de transmission. ‘’Nous ne pouvons plus souscrire à l’antique division entre un enseignement primaire destiné au peuple et un enseignement secondaire réservé à la bourgeoisie ‘’, écrivait Ferdinand Buisson dès 1914’’[73]. Et, ‘’Ceux qui sont immergés, pour certains dès la naissance, dans des univers scolastiques issus d’un long processus d’autonomisation sont portés à oublier les conditions historiques et sociales d’exception qui rendent possible une vision du monde et des œuvres culturelles placées sous le signe de l’évidence et du naturel’’[74]
Charles Tardieu considère que : ‘’L’assimilation quasi-mécanique de l’éducation à l’instruction scolaire publique, ensuite la proposition que cette éducation, s’adressant aux masses, serait un pré requis au développement social et économique, et finalement l’idée que le passage d’une société coloniale à une conjoncture néocoloniale implique la mise en place d’un système d’éducation pour les masses, par les élites nationalistes’’[75]
L’éducation haïtienne est rachitique. L’historique du système éducatif haïtien prouve qu’il n’y a pas vraiment de rupture entre les valeurs aliénantes qui étaient à la base du système colonial esclavagiste et le système éducatif d’aujourd’hui est contraire au postulat de Tardieu. L’éducation n’est jamais neutre, c’est un processus qui draine sa raison d’être, son format, sa trajectoire, de la manière dont la société est organisée. L’école telle que nous la connaissons aujourd’hui n’a pas toujours existé. Elle suit le rythme des changements et des besoins de la société dans laquelle elle évolue. Et, ce changement se fait de manière différente d’une société à une autre. L’école haïtienne devrait produire des individus aptes à transformer leur milieu social, culturel, économique et autres. Cette école se devrait libératrice des masses défavorisées et de la paysannerie par la conscience qu’elle crée chez eux, elle n’offre pas d’autres possibilités analytiques des contradictions sociales, du changement et libération totale globale et reste clouée dans ‘’les legs d’ignorance laissé par les nécessités d’exploitation coloniale espagnole et française venu en rescousse de ce mode d’organisation de la vie sociale et du travail.’’[76] Cette éducation de la crise confirme la crise de l’éducation observée chez les intellectuels non conscients de leur situation sociale qui ne font que renforcer les inégalités et les valeurs bovaryques au sein de la société haïtienne. Le savoir est désormais considéré comme une marchandise.’’ Á tel point que toute société qui ne produit pas du savoir scientifique et des objets techniques, fût-elle appelée à disparaitre’’, selon Bonaventure Mvé-Ondo.[77] Si l’école haïtienne n’est pas libérée ‘’de son formalisme improductif, son académisme hypocrite et sectaire’’,[78] elle est vouée à sa perte et l’Etre haïtien y compris.
-Considérant que jamais à un moment de l’histoire, on a assisté à une mutation sociale aussi rapide, jamais l’économie n’imposait une contrainte aussi virulente à l’éducation.
-Considérant que le système économique requiert de nos jours une main d’œuvre qualifiée.
– Considérant que l’éducation soit un moyen de donner une juste chance pour la production d’une société équitable et réduire les privilèges de la naissance et de la fortune.
-Considérant que la société haïtienne de demain doit passer par la production et la transmission des savoirs.
-Considérant les exigences faites par les familles et la montée du niveau de vie de la population haïtienne.
Il s’avère important que l’école soit une institution intégrée et produise des intellectuels conscients de leur situation sociale, culturelle, économique et autres. Suite à ces considérations, l’école, ayant failli à sa mission, a constitué une brèche pour l’intrusion de traits culturels étrangers dans le paysage culturel haïtien.
4.2 – Désorganisation au niveau de la Famille en Haïti
Les changements sociaux sont toujours le fruit d’une dialectique. Ce qui se fait souvent avec angoisse. La mobilité des choses n’est pas en général bien perçue. La fin des traditions, l’hybridité des cultures, la constitution de la diaspora haïtienne constituent le début de la crise de la famille haïtienne et, ont été l’objet d’opinons diverses.
Étymologiquement, le mot diaspora vient de l’ancien grec pour signifier ‘’dispersion ‘’, Et aujourd’hui, par extension, désigne aussi le résultat de la dispersion, c’est-à-dire l’ensemble des membres d’une communauté dispersés dans plusieurs pays. En ce sens, 1980, fut la date de la constitution de la diaspora haïtienne née à partir de l’exil, de la tyrannie des gouverneurs vis-à-vis des intellectuels et des politiciens, de la restriction des libertés et des droits humains. Les raisons furent diverses : Corruption, arbitraire, mauvaise condition de vie, mauvaise répartition de l’économie, inconviviabilité de l’espace, etc. Ce sont ces raisons qui, selon Stanley Péan dans ‘’Le syndrome de Kafka[79]’’ insinue ‘’qu’étranger à lui-même, intrus est l’haïtien. C’est un être qui se conçoit autre qu’il n’est, un hybride qui n’ayant que des images filtrées d’Haïti’’. Malgré les cadavres vomis sur les plages hippés de la Floride, l’haïtien tout comme le juif, aux dires de Guy Laraque[80], est ’’ une race déracinée, éparpillée, génocidée, persécutée, etc’’. Les travailleurs urbains continuent à se faire des Boat people dans des voiliers pourris. Et, ceci, de toutes les tranches d’âge, de toutes les couches, de tous les statuts et de toutes les fonctions.
Toutefois, ce qui va surtout retenir notre attention dans cette partie du travail, c’est le phénomène diasporique qui, selon nous, constitue l’élément majeur de la déstabilisation de la famille haïtienne bien que celui-ci ait été provoqué par d’autres facteurs que nous allons aussi mettre en cause.
4.2.1 – Société, environnement et politique
Aucune analyse profonde d’une société ne peut être faite en dehors de son environnement physique et de son système politique car les questions politiques et environnementales affectent la société jusque dans son fondement puisque la famille comme institution de base se trouve affectée au premier chef.
Ainsi, la famille vivant sur une terre saccagée par toutes sortes d’intempéries : Vent, tornade, cyclone, inondation et tremblement de terre, se trouve souvent menacée. Myrtha Gilbert dans son texte ‘’La catastrophe n’était pas naturelle[81] pose le problème de la non-conviviabilité de l’espace et essaie de montrer comment jusqu’a maintenant notre société plus précisément notre élite est guidée par les automatismes du colonialisme sans aucune remise en question de cette forme d’existence qu’elle tend à la perdurer. Cette élite se contente de toutes sortes de jouissances : politiques, économiques et sociales, et se courbe à plat ventre devant le marché. Ces gens ne se soucient guère de la réalité paysanne, des masses défavorisées et sont aveugles ou du moins, cherchent leur intérêt immédiat comme les colons d’hier. Ainsi nous assistons à la ‘’faim’’ des paysans et de défavorisés de la société.
Elle illustre que la crise alimentaire, les problèmes structurels ainsi que les problèmes d’érosion, de sécheresse et de famine auxquels nous confrontons aujourd’hui ne sont que les résultantes des politiques des gouvernements depuis le temps de la colonie à nos jours, qui sont presque toutes défavorables à la réalité sociale, et écologique du pays.
La problématique du bâti, faisant référence aux constructions anarchiques et l’irresponsabilité de l’Etat face à cette question ont été mentionnées sous la plume de Myrtha Gilbert, notant que la construction des maisons d’étages en étages dont le plus haut ou le plus confortable est celui du propriétaire, reflète la stratification sociale. L’irresponsabilité de l’Etat, la question de l’impunité par rapport aux lois et décrets sur la question ne font qu’empirer la situation. De Hazel[82] à Gordon,[83] le calendrier des dégâts est surchargé et les morts sont Presqu’innombrables. La population n’est pas assez informée des précautions à prendre en cas de catastrophes naturelles. Les gouvernements haïtiens ont fait un choix catastrophique quand ils ont décidé à plusieurs reprises de pactiser avec l’étranger pour faire du commerce des arbres tels: Acajou, campêche etc. cette dénudation légale des différentes petites îles et endroits de notre territoire a eu répercutions négative sur l’environnement. Ajoutons à cela, les torts de l’occupation américaine sur le phénomène, plus de 21% de ce qui nous restait comme verdure fut disparu. Sans oublier la SHADA[84] qui se ravitaillait en bois ici avec un accord signé par le président Lescot qui était très profitable aux Etats-Unis. Cette forme de déboisement criminel allait renforcer les catastrophes écologiques sous le gouvernement de Papa Doc quand ce dernier donna l’ordre de raser les basins versants et ne laissa débout ni arbre, ni humain, ni bétail dans l’idée de chasser les kamoken.
Et le pire, nous ne sommes pas encore sorti de L’auberge, car sans une politique agraire positive et encourageant de nos ressources naturelles, sans une révolution dans notre politique agraire, notre agriculture est condamnée, nos institutions sont condamnées, la nation en son ensemble est condamnée.
Les changements environnementaux ont eu en effet beaucoup d’impacts sur la société. Sur le plan politique, on a assisté à la fin d’un système où la liberté d’expression n’était pas encore un acquis démocratique. De cette liberté acquise à la chute du système d’alors naquit toute une forme d’expression véhiculée dans la musique, et des protestations contre le système politique. Ces types d’expressions sont surtout véhiculés dans les médias par les groupes musicaux à tendance ‘’Racine’’ et notamment le Rap. L’imbrication de ces éléments n’est pas sans intérêts dans la compréhension de l’émergence du Rap en Haïti.
4.2.2 – Migration interne ou exode rural comme facteur de déstabilisation de la famille haïtienne
Comme nous l’avons vu plus haut, la paysannerie haïtienne est négligée, elle est sujet de toutes sortes de mauvais traitements et de conditions de vie infrahumaine. Elle est la proie de toutes sortes de maladies, d’épidémies et de catastrophes. Donnant sa contribution à la ville et faisant d’Haïti une société hybride : Archaïque et capitaliste. Analphabète, les nouvelles technologies de l’agriculture sont loin d’être à leur portée afin de leur confier une économie qui n’est pas axée sur le vivotage ou de subsistance. Le paysan est à l’origine de plusieurs mouvements sociaux dont les profits sont pour leur contre. Fleurissant comme du champignon au milieu des promesses des politiques, des actions spéculatives, des reformes agraires non reformées, humilié, exploité, livré à lui-même et au déboisement qui lui-même engendre érosion et toutes sortes de catastrophes écologique. L’exode rural constitue le tremplin par lequel il peut s’assurer une survie avec la migration de sa force de travail malgré le titre garant de la culture qu’on lui confère dans la perspective de le garder perpétuellement dans la pénurie dont il essaie de gérer même si cette gestion est imaginaire. En effet, le problème de la migration des périphéries vers le centre constitue l’un des éléments majeurs de la déstabilisation des familles au même titre que le phénomène diasporique. Les familles étant séparées pour venir s’installer en ville se trouvent ainsi affectées et les conséquences sont multiples : familles monoparentales, adultes prématurés, grossesses précoces, domesticité des enfants venus de la paysannerie, etc.
Cette déstabilisation de la famille haïtienne comme nous l’avons dit plus haut, est la conjugaison de facteurs environnementaux et politiques sur la société. La famille, avec les valeurs qu’elle porte, est certes réfractaire aux valeurs du Hip Hop mais sa déstabilisation constitue une brèche considérable pour comprendre l’intrusion, l’émergence et même la persistance du Rap en Haïti.
4.2.3 – Vers un bilan du phénomène diasporique
Suite au phénomène diasporique, ces négriers d’eux-mêmes ont enfanté dans la douleur le 11ème département et sont légalement exclus, ne jouissant pas pleinement des droits civils et politiques haïtiens.
Dans cette tranche d’histoire, Anthony Phelps dans les textes :’’Même le soleil est nu’’ et ‘’Mon pays que Voici’’[85], présentait un paysage ou les enfants ne rêvaient pas, les familles sont sans vie, et ils ont été trahit d’Agoué et des eaux. Presque tous ont passé par cette route. Il ne fait que peindre la réalité sans pour autant proposer de solution.
Cette situation fut critiquée par certains auteurs comme J. Icart dans ‘’Négriers d’eux-mêmes’’[86] et Marshall Mac Luhann dans ‘’ Les Mutations 90’’[87] qui, analysant ce phénomène le compare à la traite des noirs de 1503 où les mêmes conclusions sont possibles. Des familles déchirées, des gens transplantées, etc. autant de conséquences qui ne laissent intacts les structures familiales.
Bien que dans cette tragique histoire, il en résulte une diaspora haïtienne devenue par la spéculation à priori le premier bailleur de fonds des familles Haïtiennes au bord de l’abime par delà les mers, l’espoir a su naître, des étoiles ont du poindre à l’horizon découlant de l’ignorance de la dualité des choses, des morts des eaux. Par delà le mal une utopie prospective se concrétise.
Mais, de ces quêtes et de ces illusions : il en résulte la question de la crise des familles monoparentales et orphelines de facto. La création des délinquants, des déviants, des marginaux dus par le fait que ces enfants ont été livrés à eux-mêmes. De là résulte un taux considérable de grossesses précoces, d’adultes précoces, de la délinquance juvénile, de la fuite des cerveaux opérationnelle par le biais de l’autoritarisme, une perte incalculable de noyés, de voyageurs clandestins, la migration des traditions, la création d’un vide institutionnel, etc. Ce qui enfin de compte allait rendre boiteuse les familles haïtiennes et creuser l‘espace pour l’avènement de valeurs migratoires allogènes non-compatibles avec celles qui préexistaient dans les familles haïtiennes.
4.3- Désorganisation au niveau de la langue en Haïti
La langue, elle participe à la régulation de l’organisation sociale. Elle transmet les valeurs, les croyances, les codes, les symboles de la société. Elle est sociale et elle est la résultante des axes : Biologique, sociologique et géographique, elle est également le fruit d’une polygénèse. Sur un plan macro, on peut les catégoriser en deux groupes : Les Langues grégaires (Locale, maternelle, famille) et les langues véhiculaires (Nationale, supranationale). Mais, suivant les rapports sociaux et sociétaux, l’humanité est constamment confrontée aux langues. Un espace donné peut partager plus d’une langue et il peut exister plusieurs niveaux de langage au sein d’une même communauté ou société suivant les politiques linguistiques et les modes de rapports sociaux développer dans cet espace. Et, de cette coexistence simultanée, il peut résulter deux phénomènes : Le bilinguisme et la diglossie
Le bilinguisme sert à designer un individu au sein d’une communauté ou pas qui partage deux langues à un niveau différent ou égal. ‘’Il n’y aurait de bilinguisme qu’individuel, alors que la diglossie serait le fait des communautés entière. ‘’[88]
Mais, il faut signaler d’un autre côté que la diglossie, concept inventé par Ferguson, traduit un rapport conflictuel, de classe, de différenciation sociale qui existe au niveau d’une même langue ou entre deux ou plusieurs langues dans une communauté donnée. Cette lutte peut être causée par la religion, les guerres, les rapports de classe, l’esclavage, la colonisation, etc. C’est une opposition entre langue officielle (pouvoir politique) et maternelle, entre la famille et la société. C’est le cas par exemple, des pays comme la Suisse allemande, L’Egypte et Haïti ; et des langues comme la langue grecque et la langue arabe pour implémenter cette assertion de haute et de basse fonction théorisée par Louis Jean Calvet[89], selon le tableau suivant :
Haute Fonction |
Basse Fonction |
Sermon, culte |
Ordre aux ouvriers |
Lettre personnelle |
Conversation privée |
Discours politiques, assemblée |
Feuilleton |
Cours universitaires |
Texte dessin |
Informations dans les medias |
Humoristique |
Poésie |
Littérature populaire |
Mais, ce qui nous intéresse ici présent, c’est le cas d’Haïti. Le rapport entre le français qui est la langue du colon, des dominants et du créole qui est une réinterprétation dûe par le comportement bovaryque des esclaves de St-Domingue.
Rappelons également qu’on appelle créole pour la première fois, les colonies européennes (Ibérique, français, anglaise, néerlandaise) au 16ème siècle, les peuples de l’océan indien non indigènes européennes nés dans la colonie. Le mot servait de facteur de différence sociale entre bossales ou nouveaux venus et créoles ‘’ les socialisés’’. Étymologiquement, créole vient du latin, ‘’creare’’ qui signifie créer ou fait sur place, que l’espagnol prononce ‘’criollo’’. Ce sont les espagnols qui utilisaient le mot pour la première fois puis de façon ordonnée, les portugais, les français, les anglais. Le mot fut introduit pour la première fois dans le dictionnaire de Furetière en 1690. De cette dichotomie historique, il en dérive une hybridation des langues autochtones, des langues des déportés africains et des langues des colons. D’où, il en résulte plusieurs variantes de langues regroupées sous le label de créole. Le créole n’est pas une famille de langue mais une dénomination socio- historique et sociolinguistique. Il existe le créole français qu’on retrouve en Haïti, la Martinique, la Guadeloupe etc. le créole anglais (sud des Etats-Unis, Jamaïque, Guyane, Trinidad and Tobago), le créole espagnol, portugais appelé Papiamentu, parlé dans les Antilles néerlandaises.[90]
Et, de cette réalité historique naît les problèmes sociolinguistiques ci-mentionnés. (Bilinguisme et Diglossie). Comme on l’a vu, le bilinguisme en tant que phénomène individuel, ne fait pas l’objet de notre analyse ici présente.
Le dualisme kreyòl/ Français est une réalité chantée par plusieurs groupes musicaux haïtiens tels : Boukman experyans ‘’ …Ayisyen yo pi pale franse ke yo pale kreyòl…’’ ; Kasika 6 dans une chanson titrée ‘’kont 6tèm’’ illustre : ‘’nèg la dwe m’ pou l’ pa peye m’ li plede pale franse poul ka imilye m’’. K’libr’ dans ‘’10 kestion à Dieu’’ insinue que : ‘’Bondye pa pale kreyòl’’. Ceci c’est pour illustrer comment le français constitue la langue du prestige et le kreyòl, la langue du vulgaire comme on l’a montré dans le tableau ci-dessus. Ceci est tellement vrai qu’un lapsus en français en Haïti constitue un délit majeur.
Le lapsus qu’est une erreur commise en parlant (lapsus linguae), en écrivant (lapsus calami), par la mémoire (lapsus memoriae) ou par les gestes (lapsus gestuel ou lapsus manus) et qui consiste à exprimer autre chose que ce qu’on avait prévu d’exprimer, notamment en substituant à un terme attendu un autre mot. Et, Lapsus clavis pour les fautes de frappe. Parmi tous ces types de lapsus c’est le lapsus linguae qui constitue la faute la plus grave. Celui qui fait un tel lapsus est perçu comme un illettré, un mal appris. Car savoir parler français est synonyme de ‘’science’’, fait référence au statut social, à la classe sociale selon la représentation sociale haïtienne. Par rapport à ce conflit sociolinguistique, par le biais du village global qui favorise une transpénétration linguistique, l’anglais est vu comme une échappatoire à la diglossie haïtienne. Il est permis en Haïti de commettre des lapsus en anglais tandis que le lapsus du français abaisse la dimension humanitaire de l’individu, il a honte de lui-même et des autres. Il existe également des ‘’anglè mawon’’ ( qui ne respect aucune règle grammaticale) cependant il ne saurait exister de ‘’fransè mawon’’. Une institution comme l’école n’enseigne pas en Kreyòl. Elle est un instrument de renforcement de cette diglossie accrue du français, la langue des dominants et du kreyòl, la langue des dominés. D’où, la montée en puissance de toutes ces écoles de langue anglaise en Haïti.
Le Rap, résultant de la mondialisation, patauge entre un puissant vulgarisateur de l’anglais, et d’un autre côté ,drôle de contradiction, pendant qu’il y a cette bataille sociolinguistique entre le Français et le Créole, le Rap Kreyòl ayisyen est foncièrement véhiculé en kreyòl, renforce cette dite langue et accueille les dominés et les rejetés de la langue française ; et y ajoute des néologies comme : Zizirit, TCM[91], atè plat, match la wild, Bagay dwòl, etc. Sans oublier que chaque année avec le carnaval de nouveaux slogans, expressions, néologies, etc. émergent du Rap. Un groupe comme Baricad Crew et un artiste comme BIC sont des garants du kreyòl avec le moins d’anglicisme ou de franquisme possible. Et cela est possible au Rap kreyòl ayisyen comme choix de classe, phénomène urbain qui accueille en général les gens des ghettos victimes de l’échec scolaire, d’une éducation ayant plusieurs modes opératoires au sein d’une même société reproduisant le schéma social tel quel.
Sur ce, l’haïtien face aux problèmes sociolinguistiques ci-mentionnés se conçoit incessamment autre qu’il n’est afin de fournir des réponses appropriées pour la conservation de son humanité face à cette perte de son identité.
- II) Le contexte de la mondialisation via les masse média
4.4 – La mondialisation, ses enjeux et ses impacts sur les cultures
La mondialisation culturelle se cache au départ derrière les rideaux de la diversité culturelle par le biais d’un système transnational des medias. Mais, au fond, elle tend vers une logique d’uniformisation et marchandisation de la culture. Elle est fortement influencée par l’économique dans la mesure où le développement industriel de certaines sociétés contribue à propulser leur culture sur le marché mondial comme marchandise. Cette marchandisation de la culture correspond à un ordre capitaliste propre qui répond à une division du marché. Tout ceci est assuré par les medias qui ont un rôle stimulateur pour faire correspondre la production à la consommation en faisant usage de tous les éléments de la culture avec notamment des éloges pour la diversité culturelle. Drainée par la culture de masse et l’imaginaire économique des sociétés occidentales, son homogénéisation n’est jamais absolue. Pour reprendre Stuart Hall, la mondialisation elle même est une contradiction qui prône l’homogénéité et l’hétérogénéité des cultures. Elle serait la source de tous les maux bien que de part sa vocation elle est censée apporte du Bonheur.[92]
Le système lui même génère la diversité pour pouvoir se régénérer à travers les cultures. D’où une trilogie vicieuse entre différences, consommation et perduration du système. Déconstruisant la question de l’identité et de culture nationale des années 1970 et du début 1980, ces notions qui sont jugées trop essentialistes par les tenants de la mondialisation, sont plutôt analysées comme des réalités en rapports avec elle compte tenu que ces notions détruisent les différences dans la visée d’une entité homogène sans tenir compte de la culture de masse globale qui explose les frontières des cultures nationales et la question migratoire c’est -à- dire la libre circulation remet en question aussi l’Etat-nation.
‘’ Les processus de mondialisation offrent ainsi, aux yeux de Stuart Hall, un contexte favorable pour rompre avec les « vieilles logiques de l’identité culturelle ». Il est dorénavant nécessaire, presse-t-il, de penser les identités culturelles comme « n’étant pas définies une fois pour toutes, […] comme étant toujours en formation […], en construction », comme se redéfinissant en permanence sous la pression, en particulier, d’apports culturels extérieurs (Hall, 1997b, p. 42-44 et 47).’’[93]
Le fait de voir la culture comme un élément en perpétuel ‘’construction-déconstruction-reconstruction’’, ces rapports vont fragiliser le local au profit du global et de ces flux multiformes. Cette non-proportionnalité des rapports d’échange entre le local et le global se révèle ahurissant dans la mesure où les entités locales n’ont pas la capacité de répondre au tacle au tacle au global. Ceci est aussi vrai pour les identités individuelles qui étaient fermées sur elles-mêmes i.e. dans un espace qui de la même manière que les identités collectives étaient fermées sur elles-mêmes aussi c’est-à-dire le local. Avec la mondialisation par le biais des mass medias spécialement, l’individu se trouve exposé en permanence face à une multitude de modèles ou de choix grâce au global présent sans cesse dans le local. Cette ouverture d’espace est le fruit de la libre circulation des biens et services et des medias dans un capitalisme globalisé qui fait de la diversité une marchandise.
il est important de souligner qu’il serait trompeur de voir dans la mondialisation qu’une productrice de la diversité via les medias de masse sans pour autant ne pas jeter un œil sur la logique hégémonique qui se cache derrière via le contenu des medias. Si l’on tient compte de l’inégalité qui existe dans les rapports nord-sud et l’étanchéité entre biens et services économiques et culturels mais aussi des valeurs de la mondialisation qui sont celles des sociétés d’origine, les sociétés réceptrices sont obligées de s’y adapter aux normes.
Dans les industries culturelles et créatives par exemple, qui regroupent : L’édition imprimée et le multimédia, la production cinématographique, audiovisuelle et phonographique, ainsi que l’artisanat, le design, l’architecture, les arts plastiques, les arts du spectacle, le sport, la fabrication d’instruments de musique, la publicité, le tourisme culturel etc. ; les notions de bien ou de marchandise et de service se regroupent sous un seul terme celui de Produits culturels. Les biens culturels peuvent être individuels ou collectifs et sont protéger par le droit d’auteur. Ils sont vecteurs d’idées, ludiques, etc. Les services culturels par contre répondent à une nécessité culturelle et sont protégés par les conventions et lois en vigueur.[94]
Dans ce même ordre d’idées en 2002 par exemple, UE exporte UE; 51,8% des produits culturels dans le monde ce dernier qui représentait environs 60 milliards de dollars américains ce calcul est réalisé à partir des tarifs douaniers dont l’Asie orientale; 15,6%, Asie centrale et méridionale; 0,5%, Asie occidentale; 0,5%, Asie du Sud-est; 4,1%, Europe (Autre), 6,2% Afrique; 0,4%, Océanie; 0,6%, Asie; 20,8%, Amérique Latine Caraïbes ; 3,0%. Amérique du Nord; 16,9%.[95] Pour une consommation des produits culturels allant de 15,3 % pour USA, 7,8% pour le Royaume uni, 4,1% pour l’Allemagne et, une importation de 40,6 % pour EU, 1,0 % pour l’Afrique, 14, 7% pour Asie, 3, 6 % pour Amérique latine et caraïbes etc.[96]
De la étant, nous pouvons voir à qui profite la mondialisation et voir aussi son visage économique avec des étiquettes culturels. De ce fait, la contradiction de la mondialisation réside dans le double aspect de la diversité culturelle qui se trouve dans le respect des communautés locales et à la coexistence de leurs différences ; ces deux aspects qui sont pris dans les engrenages des libres circulations des produits culturels et la question des medias qui prônent l’uniformisation manquent de moyens ou de manières pour parvenir à limiter les dégâts. Comme les convections de 1994 et de 2005 de OMC et de UNESCO sur l’exception et la promotion et l’expression de cette dite diversité en passant par les communautés locales. La production doit prendre en compte les spécificités locales compte tenu que l’accroissement de la diversité à un coût symbolique et pécuniaire plus l’espace est diversifié plus sur un plan économique c’est important. Un pays comme la France par exemple, face à ce problème majeur, propose comme balises des quotas de 40% depuis 1994 puis elle a revisité ce quotas dans la radiodiffusion en 2000 ce qui a augmenté largement sa production nationale. Il faut qu’une société soit en mesure d’assumer son choix ou sa politique culturelle car :
‘’La diversité culturelle a donc un caractère polysémique qui rend difficile à la fois son appréhension et sa mesure. Au-delà du discours incantatoire à portée très générale sur ses bienfaits supposés, les décideurs publics doivent donc effectuer des arbitrages, classiquement en termes de coûts/bénéfices, de manière plus complexe entre ces différentes dimensions. Mener une politique qui tient compte de la diversité culturelle suppose donc de faire des choix parmi ces multiples aspects et d’assumer les coûts induits.’’[97] Ceci n’a donc pas été respecté en Haïti en raison de la faiblesse des institutions chargées d’appliquer ces prescrits. Au contraire, les médias haïtiens ont constitué une porte ouverte à la libre circulation des éléments culturels étrangers notamment ceux du Hip Hop venant des Etats-Unis.
En fin de compte, il faut penser une ethnologie de la mondialisation dans une triple dimension qui tient compte du local, du global et une mixité des deux c’est-à-dire comprendre la coercition du global, la résistance du local et la composition des deux,[98] ce qui pourra permettre aux sociétés déstabilisées, faibles ou affaiblies de mieux répondre aux assauts d’une mondialisation à double tranchant tuyautée par les médias de masse qui eux aussi méritent de répondre aux exigences du local et d’assumer la cohésion sociale sous le contrôle d’un Etat régulateur capable de définir les orientations, d’assumer ses choix, de réguler le local lui-même qui une fois renforcé pourra agir sur le global. Cette démarche de glocalisation doit être le résultat d’une socialisation forte et d’une économie capable de répondre aux exigences sociales dans une période de stabilité relative. Cette inadéquation presque totale entre l’instruction, la socialisation, le rôle des medias, l’éclatement des NTIC et l’incapacité de l’Etat de répondre aux exigences socio-économiques, si l’on analyse brièvement cette question on verra que les médias contribuent largement à renforcer la dépendance des pays du Sud par rapport à ceux du Nord.
4.5 – Implication des médias de masses dans l’implantation du Rap en Haïti
Ramenant tous ces éléments théoriques à la situation haïtienne, nous allons plutôt considérer les médias haïtiens comme les principaux canaux de transmission de la culture du Hip Hop en Haïti. Tenant compte du rôle que ces derniers devraient jouer dans le milieu culturel haïtien, force est de croire qu’ils sont, comme tout agent de socialisation, responsable du renforcement de la déstabilisation des autres institutions haïtiennes à vocation socialisatrice.
Analysant le fonctionnement des médias, on peut déduire que les informations sont triées, sélectionnées, arrangées, interprétées et commentées tout en monopolisant la liberté d’expression au détriment des sans voix, des contestataires et des anonymes.[99] Les médias de masse gardent la liberté d’expression pour eux en la mettant au service de leurs comptes en banque et des pouvoirs avec lesquels ils sont en conflits ou complices ce qui remet en question leur neutralité. Une observation superficielle pourrait faire croire que de nouveaux moyens de communication donnent aux artistes et aux intellectuels la possibilité de toucher un public plus large que celui dont ils ont jamais pu rêver. Or, au contraire, les nouveaux médias se bornent à universaliser les effets du marché, en réduisant les idées au statut de marchandises de même que la diversité comme on l’a vu plus haut ce qui n’est l’effet du système. En plus, l’entreprise médiatique qui gagne de l’argent grâce à la publicité des produits culturels et économiques du marché, elle ne saurait facilement sortir du labyrinthe constitué des intérêts de la classe dominante qui constituent leur principal sponsor et de ceux des dominés et des groupes marginaux et de leur revendications. De ce fait, on peut dire que le but c’est d’endormir les désirs des gens dans un processus d’idiotisassions de mettre du temps de cerveau humain disponible pour les sponsors en échange d’argent. C’est ainsi que les mass-médias obtiennent de l’argent.
Au lieu de canaliser les désirs des gens, de contribuer au renforcement du ‘’statu quo’’ , on constate que les medias de masse en Haïti comme Univers FM, Sky FM, Radio et télé Métropole, Radio superstar, Radio Eclair, Radio Vibe FM, radio NBC devenu radio MINUSTAH (contre toute attente), des émissions comme Vidéo Max sur Télémax autrefois, certaines stations chrétiennes etc. ne font que promouvoir l’extérieur à outrance et d’un autre côté, les autres stations ont une préférence majeure pour l’étranger. Il n’ya aucun quotas fixé par l’Etat Haïtien comme c’était le cas de la France en 2000. En plus, l’Etat n’a pas de contrôle strict sur les sites d’internet. Les chaines de télé n’ont presque rien diffusé de local même les feuilletons sont importés comme Ruby, Marina, Milagro, etc. ajouté à cela, il y a une absence presque de productions locales comme Pè toma, Papa pyè, Languichatte, rares sont les films haïtiens dignes de ce nom. Certaines productions locales sont de très mauvaises qualités comme les actuelles productions théâtrales de Télé kreyòl. Aucun de nos médias dans la radio-télédiffusion, même la RTHN (Radio Télévision Nationale d’Haïti) n’a une programmation strictement locale. En plus, il ya des entreprises privées qui sont plus locales et nationales que la radio télévision nationale. Il n’y a que quelques rares stations de radios et de télés qui font des efforts considérables comme Radio et télé Ginen, Planèt kreyòl, télé kreyòl, Canal 11, Impact FM, Horizon 2000, Visa etc. Les journaux également bien que le lectorat soit faible s‘efforcent pour une meilleure représentation du local dans la diffusion des informations. A remarquer que le Hip Hop avait une place de choix dans les émissions radio et télédiffusées. Les artistes Américains sont mieux connus en Haïti que ceux haïtiens évoluant en Haïti.
D’un autre côté, il faut signaler également que jusque vers la fin des années 1990 parler Kreyòl dans les medias était l’une des plus grande gaffe que puisse commettre un journaliste. Cependant, il faut féliciter le courage des journalistes suivants : Konpè Filo, Evans Paul dit K-Plim, Liliane Pierre Paul, et des animateurs de rap haïtien pour ne citer que ceux-là.
Les medias d’ici inspirent la peur certaine fois. Ils sont juges et partie. Beaucoup ont peur de le dire parce que c’est par ces mêmes médias qu’on doit les dénoncer bien qu’en théorie c’est un canal où coulent les informations sans entraves ; seulement ce canal possède bien des entraves et seules quelques informations choisies peuvent traverser. Par un comportement bovaryque, les médias locaux procèdent à une mystification des masses, ils constituent une brèche ouverte pour la fuite de la culture. On voit bien alors que cette critique des industries culturelles repose sur une opposition entre deux formes de cultures en dénonçant la culture de masse, elle nous laisse entendre qu’une autre culture, étrangère à la logique capitaliste de production est la seule culture légitime. Mais cette culture est étrangère à la sphère des médias, la logique du capital conduit à une dénaturation. Les superstructures tentent d’uniformiser la réceptivité qui est surdéterminée par une industrie culturelle, par des structures économiques. On peut remarquer qu’on retrouve actuellement l’essentiel de ces critiques dans les discours dénonçant l’emprise des développements des technologies et des médias l’idée d’une disparition de la culture locale, d’un nivellement culturel, par exemple, une bande dessinée vaut mieux qu’un roman de Jacques Roumain, du déclin d’une culture, d’une défaite de la pensée haïtienne, d’une déshumanisation de l’individu dont les medias sont les principaux acteurs. On peut dire en ce sens, que ce sont en général des medias en Haïti et non des médias haïtiens. Devenus des instruments bovaryques de la zombification des masses, la masse apparaît alors comme des instruments de domination et de transformation de la qualité en quantité par la technique. Enfin, L’idée de nos medias de masse, c’est d’atteindre les masses contre l’idée des masses.
Outre cela, Depuis les années 1920, on assiste à ce qu’on appelle littéralement une certaine ‘’Américanisation des cultures mondiales’’, avec la montée en puissance des Etats-Unis d’Amérique. Ce processus est soutenu par tout un appareil idéologique visant l’hégémonie de la culture américaine. Au-delà des logiques culturelles, des logiques purement économiques se cachent, si l’on tient compte de la marchandisation de la culture de nos jours. Vivant dans le collimateur américain par le rapprochement géographique, Haïti est plus enclin à une réception passive compte tenu de la déstabilisation de ses institutions à vocation socialisatrice pouvant lui permettre une certaine résistance par rapport au flux d’informations venu de toute part et ce sont les médias qui vont être utilisés comme les principaux canaux de diffusion des ces élément culturels issus de cette Américanisation des cultures.
Cette américanisation s’opérationnalise à travers : La musique (Jazz, Rock n’roll, Rap issu du Hip Hop), Le cinéma, la littérature et les magazines américains, L’internet, La publicité à outrance, etc. Ces derniers sont les éléments majeurs pour témoigner de l’imprégnation des valeurs américaines, de son hégémonie tant économique que culturel, et qui définissent les comportements humains par les croyances collectives.
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V – En guise de conclusion
La question de la transpénétration culturelle fait débat aujourd’hui tant en milieu universitaire qu’en milieu politique. Les questions d’identités prennent de nouveaux sens et ne font pas l’unanimité. Il est vrai que lorsque la radio et la télévision sont allumées, nous avons tous accès aux mêmes programmes, cependant cela n’a pas vraiment abouti à une uniformisation des styles de vie. Mais les consommations s’homogénéisent et les pratiques sociales s’imitent. Cette standardisation des modes de vies se double d’une influence forte dans les pays anglophones. La culture globale est ainsi fortement influencée ou inspirée des pays occidentaux.
La mondialisation engendre l’acculturation et un métissage culturel. Les pays les mieux organisés et armes technologiquement en sont toujours les bénéficiaires car ils sont dotés de moyens coercitifs pour imposer leur culture aux pays les moins organisés avec des institutions faibles ou affaiblies. Ainsi, les effets de la mondialisation ne peuvent se comprendre qu’en prenant le soin de regarder les cultures locales de l’intérieur ainsi que l’offre culturelle proposée voire même imposée via les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
La production de l’espace par l’être humain implique la production des schèmes et des conditions socio-affectifs. Et, ce sont les séquelles qui poussent les communautés à développer une culture de résistance face à cette hégémonie qui menace non seulement la diversité culturelle mais le relativisme culturel également. Que ce soit par le métissage des cultures ou la multiculturalité que d’autres appellent principe de sélection ou réinterprétation. Et, ce sont ces voies que nous devrions emprunter si nous nous intéressons à la survie et la résistance de notre culture en tant que peuple.
Annexe I – Photographie
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Glossaire
HIP HOP : est un ensemble culturel renfermant plusieurs éléments culturels qui imprègnent à ceux qui y pratiquent une cosmogonie et une manière d’être. Il est constitué de quatre éléments majeurs à savoir : Rap ou Mcing, Djing, Graffity et Break dance.
Djing : mot anglais, découlant de deux autres mots anglais (Disque et Jockey) pour designer l’art de manipuler des disques simultanément, en les mélangeant et en les modifiant pour produire un sampling (ou échantillonnage).
BPM : terme propre aux Gj pour désigner la mesure ou le nombre battements par temps pour mettre sur le même tempo des titres différents.
Scratch : modification d’un son à l’aide d’un fader ou crossfader ou patine pour le rendre plus attrayant, Fondu et enchaîné (Enchainement des musiques sans break)
Mixage : Synchronisation des titres à l’aide de leur fréquence et, vitesse tout en utilisant des faders.
Rap : C’ est un style de musique qui est bousculé par les figures de pensée et les figures de styles arrangés sur les flows ou forme que donne le rappeur quand il est en train de larguer ses lyriques ou textes sur le beat. Ce qui signifie que c’est un genre musical qui est très riche en images ou en poésies.
Mcing : voir Rap.
Flow : on dit Flow ou Style pour signifier la façon dont l’artiste martèle l’instrumental. Il varie d’un artiste. Il peut-être monotone, multi syllabique, rapide, très rapide. Il peut aussi être lié à la voix, l’intonation, la mélodie, l’inspiration de l’artiste etc. et c’est ce qui constitue l‘identité de l‘artiste.
Tag : C’est une signature stylisée qui peut être associé à un graffe, mais qui ne constitue pas un art à part entière.
Graffity : C’est l‘art de combiner de façon complexe lettres et images à l‘aide de cannettes de peintures (spray)
Throw up : c’est une forme de graffity en deux couleurs. L‘une pour le remplissage et l‘autre pour les contours ; ce qui le rend facilement lisible.
Break dance : on dit aussi B-boys. C’est le style de dance apparentée à la culture HIP HOP et qui se dance sur les breaks et les fondus enchainés tout en respectant les beats.
Beat : on dit aussi instrumentale.
Beat making : c’est la création des instrumentaux à travers des logiciels comme Nuendo, Fl, Protools etc. dus via les nouvelles technologies.
Human beat box : C’est-a-dire boite à rythme humaine ou multivocalisme. C’est aussi l’imitation vocale des percutions.
Rap hardcore : on dit aussi gangster rap, nom qui est redevable aux médias. Ceci englobe les textes de rap sordides, violents, mysogines dȗ à la commercialité qui est prônée dans ce domaine ou qui berce ce genre de discours. C’est aussi la version revendicative du Rap, avec des mots frappants, disant les choses telles qu’elles sont dans la réalité.
Bibliographie
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2 – Revue ASID, Fanm ak Edikasyon an Ayiti, Jiyè-Dawout, 2008. No 3.
3 – Revue L’indigène, Université, Etat et société, 2012 Vol I No III .
4- Revue Sciences Humaines, numéro spécial, Pierre Bourdieu, 2002.
5 – La revue, La diversité culturelle dans le commerce mondial : Assumer des arbitrages, 2008, (no 51), pp 53-57
6 – La revue, Les théories de la mondialisation culturelle : des théories de la diversité, 2008, (no 51), pp 17-22
7 – Anthropologie et Sociétés « Une ethnologie de la mondialisation est-elle possible? » , vol. 26, n° 1, 2002, p. 159-175.
8 – Revue académique des études sociales et humaines, La mondialisation : Caractéristiques et Impacts. 9 -2013. Pp 18-25
[1] GERAUD, Marie-Odile, LESERVOISIER, Olivier, POITTIER, Richard, Les notions Clés de l’ethnologie, Armand Colin, Paris, 2011, p.109
[2]Ibid, p. 111.
[3] Ibid, p 100.
[4] Idem.
[5] Ibid, p 101.
[6]Price Mars Jean, Ainsi parla l’oncle, Col. Bicentenaire, Port-au-Prince, 2004. P2
[7]JEAN Casimir, La culture opprimée, Ed. Communication Plus, Port-au-Prince, 2001. PpVI-XVI
[8] Ibid.
[9] Ibid.
[10]A. Gramsci, Quaderni del carcere, édition établie par Valentino Gerratana, Turin, Einaudi, 1975, p. 1513(Q dans les présentes notes). Le présent extrait est tiré du tome 3 (C3, p. 309). Quatre tomes des cahiers de prison ont paru en français, à Paris, chez Gallimard, avec avant-propos, notices et notes de Robert Paris: 2. Cahiers n° 6 à 9, 1983, 770 p., tiré de : http://agora.qc.ca/documents/intellectuel—intellectuel_organique_selon_gramsci_par_attilio_monasta
Cette idée est tirée de la conception de Gramsci qui a développé le concept d’intellectuels organiques
[11] DELIÈGE Robert, 2006, Une histoire de l’anthropologie: écoles, auteurs, théories. Paris, Éditions du Seuil, 329 p.
[12]Ibid.p6
[13] De son vrai nom Lys Hérard, Master Dji est considéré comme le pionnier de la culture Hiphop en Haïti
[14] Voir chapitre III
[15] Herskovits, 1967 : 238, in GERAUD Marie-Odile, LESERVOISIER Olivier, POITTIER Richard, Les notions Clés de l’ethnologie, Armand Colin, Paris, 2011, p.100
[16] ETIENNE Sauveur Pierre, L’énigme haïtienne, Echec de l’état moderne en Haïti, Les Presses de l’Université de Montréal, 2007. Pp. 221-253.
[17] LOMBARD Jacques, Introduction à l’ethnologie, Armand Colin/HER, Paris, 1994, 1998, p. 67
[18] Op. Cit. p. 13
[19] Op. Cit. p. 64
[20] Ibid.
[21] Ibid.
[22] Ibid, p. 65
[23] Voir le dictionnaire sociologique écrit par Raymond Boudon.
[24] ROCHER Guy, Introduction a la sociologie générale, T.1 col. Point, éd. HMH, Québec, 1968. P 13
[25] Durkheim E. Education et Sociologie, col. “Les classiques des sciences sociales” version numérique, pp 9-10, Disponible en ligne sur : http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html
[26] Campeau Robert, Sirois Michèle, Renault Elisabeth et al. Individu et société, Ed. Gaëtan Morin, Montréal, 1993. P144
[27] Rocher Guy, introduction a la sociologie générale: L’action sociale, Ed.HMM, col. Point, 1968, Montréal. PP149-156
[28] Illich Ivan, une société sans école, Ed. Seuil, Paris 1971, Pp51-52
[29] Boudon Raymond, Philippe Besnard, Cherkaoui Lécuyer et al. , Dictionnaire de la sociologie, Ed. Larousse, Paris 2012. P74
[30] Ibid. Pp97-98
[31] Ibid 96-97
[32] Op. Cit. p13
[33] Op. Cit. p14
[34] ibid
[35] Calvet louis jean, Guerres des langues et politiques linguistiques, Ed. Hachette, col. Pluriel, 1999.ch1-3
[36]Bonte Pierre, Izard Michel, Dictionnaire de l’Ethnologie et de l’Anthropologie, Ed.4eme, col. PUF, Paris, Mars 2012. Pp409-410
[37] http://archive.org/details/lebovarysme00gauluoft p13
[38] http://selene.star.pagesperso-orange.fr/
Voir également
http://srhlf.free.fr/PDF/Jules_de_Gaultier_Le_Bovarysme.pdf
[39] http://archive.org/details/lebovarysme00gauluoft p14
[40] Op.cit. p18
[41] PRICE MARS Jean, Ainsi Parla l’oncle, Col. Bicentenaire, Port-au-Prince, 2004. P2
[42] F.L. SCHOELL, Histoire des États-Unis, Ed, du Roseau, Paris 1985.
[43] Éric ROBITAILLE, L’Afro Connexion : boxer avec les mots, In Liaison, n° 116, 2002, p. 43.
Disponible sur : http://id.erudit.org/iderudit/41255ac
[44] Roger Chamberland, De la génération X à la génération XXX, In Québec français, n° 119, 2000, p. 72-75
Disponible sur : http://id.erudit.org/iderudit/56033ac
[45] Ibid.
[46] Mémoire de maitrise en communication de MARIE-CATHERINE DUMONT- POUPART, LE RAP AMÉRICAIN, STOP OU ENCORE: LA NAISSANCE, LA VIE ET LA MORT POSSIBLE DU MOUVEMENT HIP-HOPUNE HISTOIRE EN 3 TEMPS: RAPSTERS, GANGSTA, BLING-BLIN UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL Mai 2010
Voir aussi
www.juste-debout.com
http://www.theatresendracenie.com/educ_09_10/DP/DPhiphop.pdf
www.interj.be
[47] Ibid.p7
[48] Ibid. p11
[49] COLLIAT-DANGUS Valentin, La culture hiphop à la rencontre des intitutions, Ed. Université Pierre Mendes-France Grenoble 2011-2012
Voir aussi :
FORMAN Murray, The ’Hood comes first: Race, Space, and Place in Rap and Hip-Hop, Ed. Wesleyan University Press, Middletown, Connecticut, 2002.
Disponible sur: http://id.erudit.org/iderudit/007139ar
[50] Ces informations ont été obtenues suite à une entrevue réalisée avec le Rappeur/Animateur Eliacim Aboulacem ayant vécu avec Master Dji.
[51] Les informations sur cette période ont été obtenues suite à une entrevue réalisée avec James Berlus, ancien Rappeur et fondateur de ASRAP et actuellement, il est l’un des responsable de production la RTVC plus précisément la section télé.
[52] L’idée de cette nouvelle appellation nous vient du Rappeur haïtien E-Z 1, chanteur des groupes Tribu de Job et Apostolat. Ces groupes allaient véhiculer le concept et le rendre concret à travers leurs textes. C’est un véritable mouvement de réinterprétation du Rap visant à fusionner le vodou haïtien avec le Rap. Beaucoup d’autres groupes se sont inscrits dans ce même ordre d’idée.
[53] Le ‘’voodoo stylo’’ est un mouvement du même genre que le mouvement IPAP sur le plan idéologique. A la seule différence, le mouvement IPAP impliquait à la fois le discours et une base rythmique, alors que le ‘’voodoo stylo’’ faisait référence seulement au discours sans vraiment tenir compte de la base rythmique. Certains groupes comme Shaka Dreams et First Clan en sont des exemples.
[54] Ce projet fait référence à un mouvement perpétré par certains tenants des groups Compas chariant un discours discriminatoire à l’endroit du Rap dans les années allant de 1999 à 2003, faisant croire que le Rap est mouvement malsain.
[55] Sur ce point nous devons préciser que le Rap haïtien n’a pas totalement calqué le modèle Américain ou le modèle Jamaïcain. Mais, on ne peut nier l’influence de ces modèles au niveau du Rap haïtien.
[56] Voir page 57, deuxième paragraphe.
[57] Dans l’argot anglais le mot Beef signifie, polémique et affrontement.
[58] Voir photo # 17 la page 119.
[59] Une sorte d’affiche représentant l’emblème, les couleurs adoptées par le groupe en question
[60] Voir photo # 13 à la page 119.
[61] Types de concours où les Rappeurs improvisent des textes sur des rythmes inhabituels
[62] Kluckhohn, Clyde, Initiation à l’Anthropologie, Gallerie des Princes, Bruxelles, 1966.
[63] Boudon Raymond, Philippe Besnard, Cherkaoui, Lécuyer Bernard –Pierre, Dictionnaire de la sociologie, Ed. Larousse, Paris 2012. Pp 74-75
[64] Ibid. Pp126-127
[65] POMPILUS Pradel, Au service de l’enseignement national et de la jeunesse, Ed. Pegasus, Port –Prince, 1996. Pp 101-102
[66] Ibid. P 103
[67] Dénomination populaire des écoles qui ne répondent aux normes établies par le ministère de l’éducation nationale ou qui fort souvent n’ont pas de licence de fonctionnement et qui accueillent, qui acceptent tous ceux dont les conditions ne leur sont pas favorables ailleurs, ils offrent aussi une très mauvaise qualité d’éducation. Leur premier module ce n’est pas l’éducation mais l’argent.
[68] A. Gramsci, Quaderni del carcere, édition établie par Valentino Gerratana, Turin, Einaudi, 1975, p. 1513(Q dans les présentes notes). Le présent extrait est tiré du tome 3 (C3, p. 309). Quatre tomes des cahiers de prison ont paru en français, à Paris, chez Gallimard, avec avant-propos, notices et notes de Robert Paris: 2. Cahiers n° 6 à 9, 1983, 770 p., tiré de : http://agora.qc.ca/documents/intellectuel—intellectuel_organique_selon_gramsci_par_attilio_monasta
[69] Fouchard JEAN, La meringue, danse nationale d’Haïti, Ed. Henri Deschamps, Port-au-Prince, 1988. P 88
[70] Romain J.B, Situation de l’enseignement en Haïti, Ed. Imprimerie des Antilles, Port-au-Prince, 1987.P16
[71] Mathieu Rémy, Vers la reforme de l’enseignement supérieur et de la recherche, Col. Tricentenaire de Jacmel, Jacmel, 1998. Pp 57-58.
[72] Bourdieu Pierre et J.-C. Passeron, La Reproduction, Ed. Minuit, 1970.
[73] Texte de Ferdinand Buisson, paru dans le Bulletin de la Ligue des Droits de l’Homme en mai 1914, cité par Hervé
[74] Bourdieu Pierre, Méditations pascaliennes, Ed. Seuil, 1997.
[75] Charles Tardieu, L’éducation en Haiti. Ed. Henri Deschamps, Port-au-Prince, 1989. Pp.41-43
[76] Revue ASID, Fanm ak Edikasyon an Ayiti, Jiyè-Dawout, 2008. No 3, P42
[77] Revue L’indigène, Université, Etat et société, 2012 Vol I No III p 6, cité par Allain Gilles
[78] Ferjuste Marie Marcelle et Germeil castel, Politique et culture, Ed. L’imprimeur II, Port-au-Prince, 2007. P 69
Notes
Dewey John, Democratie et education, Ed. Armand Collin, Paris, 1994. Pp35-61
Jean Louis Crémieux Brilhac, L’education nationale, PUF, Paris, 1965. Pp 29-33
[79] Péan Stanley La plage des songes et autres récits de l’exil, Ed. CIDIHCA, Montréal, 1988 pp 105-125
[80] Laraque, Guy F., Les oiseaux du temps suivi de : Confettis, Port-au-Prince,
[81] Gilbert Myrtha, La catastrophe n’était pas naturelle, Ed. Les presses de l’imprimeur II Port-Prince, Mai 2010
[82] L’Ouragan Hazel a frappé tout le pays dans la date du 11 au 12 Octobre 1954 en faisant plusieurs milliers de victimes.
[83] L’Ouragan Gordon a traversé le Département du Sud-Est et la péninsule du Sud en date du 12 et 13 Octobre 1994, en faisant environ 2000 morts et disparus.
[84] SHADDA (Société Haitiano-Américaine de Développement Agricole)
[85] Phelps Anthony, Même le soleil est nu, Ed. Nouvelle Optique, Montréal 1983.
Phelps Anthony, Mon pays que voici, Ed. Mémoire d’encrier, Montréal 2007.
[86] Icart Jean Claude, Négriers d’eux-memes, essai sur les boat people haitiens en Floride,CIDICA, Montréal, 1987.
[87] Mac Luhann Marshal, Mutations 90, Ed. Mame/Hurtubise HMH, Montréal/Paris 1969, p. 95.
[88] Martinet André, Elément de linguistique générale, 4eme Ed. Cursus, Col .Armand Colin, Paris 2005. P148
[89] Calvet louis jean, Guerres des langues et politiques linguistiques, Ed. Hachette, col. Pluriel, 1999. Pp15-49
[90] Bouret-Oriol Robert, L’aménagement linguistique en Haïti : Enjeux, défis et propositions Ed. Université d’Etat d’Haïti, Port-au-Prince 2011. PP 35-50
[91] Se traduit par ‘’Trou de cul de ta mère’’ ( Tou koko manman w’)
[92] Ait Mokhtar Omar, La mondialisation : Caractéristiques et Impacts. Revue académique des études sociales et humaines. 9 -2013. Pp 18-25
[93] Tristan Mattelart, Les théories de la mondialisation culturelle : des théories de la diversité, Hermès, In La Revue 2008/2 (n° 51), p. 17-22.
[94] UNESCO, Culture commerce et mondialisation : Questions et réponses, UNESCO 2000.
[95] Institut de statistique de l’UNESCO, Échanges internationaux d’une sélection de biens et services culturels, 1994-2003
Disponible sur :http://www.uis.unesco.org
[96] Ibid.
[97] Joëlle Farchy, Heritiana Ranaivoson, La diversité culturelle dans le commerce mondial : Assumer des arbitrages, Hermès, in. La Revue 2008/2 (n° 51), p. 53-57.
[98]Vincent Mirza, « Une ethnologie de la mondialisation est-elle possible? » Anthropologie et Sociétés, vol. 26, n° 1, 2002, p. 159-175.
Disponible sur : http://id.erudit.org/iderudit/000708ar
[99] Almeida, F. d’, 1997, La question médiatique. Les enjeux historiques et sociaux de la critique des médias, Paris, Seli Arslam.